La communauté païenne est-elle dangereuse ?

Note : J’utilise le terme « communauté(s) païenne(s) », abrégé(s) en CP au fil de l’article, pour désigner les personnes, groupes, associations et autres gravitant autour du (néo)paganisme. Ceci afin de simplifier les propos.
Il est question ici de la France, pour des raisons évidentes.
Je remercie chaleureusement les deux personnes qui ont accepté de relire cet article et m’ont fait part de leurs observations. Le sujet pouvant être épineux, je souhaitais avoir un avis extérieur avant toute publication. 

[A lire avant d’entrer dans le vif du sujet]

⇒ Cet article trouve son origine dans un rapide échange avec deux personnes, échange au cours duquel une des personnes expliquait avoir toujours fait preuve de la plus grande méfiance avant de « mettre son pied quelque part dans la CP », tandis que l’autre, ayant une approche différente, demandait quelle pouvait être la nature de ces dangers.
Après avoir répondu rapidement, je me suis demandé « pourquoi ». Pourquoi est-ce une question que l’on se pose / doit se poser ? Qu’est-ce qui dans la façon dont les choses fonctionnent, dont les gens se croisent peut augmenter -ou parfois réduire- les risques ? Comment présenterai-je le tout si le moi d’il y a vingt ans venait me poser cette question ?

⇒ Il a des airs « Captain Obvious », parce qu’il a été écrit dans le but d’essayer d’expliciter les mécanismes qui sous-tendent la/les CP, d’en comprendre les bases de fonctionnement et de ce qui en découle. A aucun moment, il n’est destiné à être autre chose que généraliste, et ne prétend pas être une vérité complète et absolue. J’ai essayé de l’écrire en restant factuelle autant que je pouvais.

⇒ Je ne rentre pas dans les détails de tout ce qui « peut survenir dans les cas les plus dramatiques » ni ne donne d’exemple ouvertement explicite quant aux abus. Pourquoi ? Parce que certaines personnes ayant vécu des traumas similaires peuvent les voir se réactiver, d’où la mention de plus en plus fréquente de « trigger warning », qui est un minimum quand on aborde certains sujets, et que le but, justement, c’est de faire de ce pavé une lecture accessible au plus grand nombre.

⇒ Bien que quelques exemples de red flags soient glissés au fil des mots, le but n’est pas ici, spécifiquement, d’en dresser une liste.

⇒ « Tu fais chier, c’est un pavé ton truc. » Oui, vu la nature du sujet, je me voyais mal le couper en deux ou trois parties. (Ça aurait été parfait pour du putaclic remarquez).

1/ Considérer la base

Premièrement, et pour essayer de poser une base, le socle des communautés païennes ne repose pas exactement sur le même que celui, disons d’une communauté se regroupant autour du tricot.
S’il y a, et qu’il doit y avoir, des bases communes au niveau du comportement admissible / non admissible, puisque nous évoluons au sein de la même société (occidentale du XXIe siècle) et que nous sommes régis par les mêmes lois (enfin, en principe), les raisons de la présence d’une personne et les sujets abordés sont bien évidemment très différents.

Il y a, chez les païens, non seulement une foultitude d’histoires et de parcours personnels mais on y aborde également des sujets qui sont plus généralement passés plus ou moins sous silence, parce que non pertinents ou alors seulement spécifiques dans certaines communautés « de niche ». J’explicite :

→ Pour reprendre l’exemple du tricot, il n’y a pas besoin d’aborder des thèmes comme la mort (bien que le sujet puisse éventuellement, on peut l’imaginer, survenir de manière épisodique pour X raisons.) Ce n’est pas ce qui va préalablement orienter les personnes VERS la communauté « tricot », même s’il n’est pas possible d’exclure que cela puisse être le cas pour certaines personnes ou que cela ait joué un rôle dans leur parcours.

→ D’autres communautés qui vont aborder certains de ces thèmes (par exemple celui du deuil périnatal) vont le faire spécifiquement dans cette optique. Il est rare que des individues (oui, au féminin) aillent spontanément vers ce type de communauté sans y être confrontée (de manière personnelle / directement autour d’elle / en tant que professionnelle), même si cela arrive, mais dans les faits, c’est globalement -et malheureusement- plutôt rare.

a) Des sujets liminaux

Plus qu’une seule communauté, il est pertinent ici de distinguer grossièrement deux parties dans la CP : celle qui se regroupe davantage autour des axes de la sorcellerie / pratique magique et celle qui est plus axée dans une relation -parfois non personnelle- avec les divinités. L’étendue des sujets abordés couvre un très large spectre. Ce n’est pas la même chose d’essayer de reconstruire le plus factuellement possible une religion antique, de pratiquer certaines formes de sorcellerie ou de magie avec possiblement des rituels spécifiques autour d’une initiation / de pratiquer les Arts divinatoires et j’en passe.
Sachant que dans les faits, ces « axes » ne forment pas des isolats impénétrables et qu’il est possible de cocher plusieurs catégories. Certaines des problématiques et des risques exposés dans cette partie concernent un peu plus spécifiquement la CP « sorcière », bien que la partie « polythéiste » puisse être également concernée.

Au cœur des communautés « sorcière » et « polythéiste », on retrouve toute une série de sujets liminaux par rapport à la société globale dans laquelle nous évoluons. On ne parle pas de sport(s) ou d’aquarelle, on parle de transe, de possession, de divinités, de leurs présences, de trauma, de recherche de guérison, de communication avec la nature, de sexualité, de prise d’enthéogènes, d’empouvoirement… pas vraiment des choses dont il est possible de discuter avec le tout-venant entre deux portes. Aussi passionnants soient ils, ce ne sont pas des sujets anodins et sans conséquences.
Nous venons tous avec nos bagages personnels, notre vécu, et nous avons chacun.e notre propre cheminement, des sujets auxquels nous sommes davantage sensibles que d’autres.

Le corollaire plus sombre de ces aspects liminaux, c’est notamment toute la thématique liée aux gourous, aux abus de toutes sortes et à la possible fragilité / crédulité de certaines personnes, par exemple en raisons de traumas passés.
Enfin, il existe aussi des gens qui viennent à emprunter ces chemins, soit avec des intentions qui les rendent possiblement nuisibles pour d’autres, soit qui au fur et à mesure de leur pratique, de leurs fréquentations et de toute une pléthore d’autres facteurs, vont devenir dangereux. Ce n’est pas le cas le plus fréquent, mais croire que ces personnes n’existent pas est une erreur.
Il y a ceux qui mentent et vont essayer de fourguer de la camelote (physique ou spirituelle) et qui le font sciemment dans le but d’arnaquer (tous ne font pas partie de la CP, certaines personnes profitant « juste » de l’étiquette pour le marché juteux qu’elle attire. Cependant et bien qu’étant externes, ils font partie des problèmes que l’on peut rencontrer « de l’intérieur ».)
Parfois, certains aspects peuvent être perçus comme sulfureux, par exemple la pratique de la nudité rituelle (skyclad) et dans les faits, n’être pas problématique au sein d’un groupe. Parce que toustes celleux qui en font partie sont clean sur la question et ont un comportement approprié. Pour autant, le groupe peut être « clean » sur la question de la nudité rituelle, mais pas sur d’autres plans, ce qui peut s’avérer tout aussi problématique, mais qui sera peut-être, au moins dans un premier temps, moins perceptible.
Pour reprendre l’exemple du skyclad, d’autres groupes peuvent effectivement avoir en leur sein une personne qui a tendance à « mater », voire à commenter ensuite à guichet fermé. (Je n’évoque pas de problématique plus explicite, parce que je pense que le tableau de potentialité est suffisamment évocateur.) Une des réactions peut être de se dire « oh ben ça va, si ça n’en reste qu’au matage, y’a pas de quoi fouetter un chat ». Alors, vous pouvez être concerné.e et ne pas vous en soucier, ce qui est votre liberté la plus stricte. La ou les personne(s) concerné.e.s peut/peuvent être très mal à l’aise voire plus. Cela peut aussi, plus sournoisement, progressivement vous « insensibiliser » à des comportements qui ne sont pas acceptables.
J’explique, en reprenant l’analogie de la communauté de tricot évoquée plus haut.

→ Dans un club de tricot, en général, on ne se met pas nu.e pour tricoter. Dans certains rituels au sein de certains groupes de la CP, c’est une possibilité. Déjà, les « bases » de ce qui est « acceptable » ne sont pas les mêmes.
Qu’on le veuille ou non, il y a déjà un « brouillage » par rapport à ce que l’on peut connaître dans la vie de tous les jours. Alors si ces moments, où nos points de repères habituels ne servent plus, s’avèrent en plus entachés de comportements ou de problématiques qui n’ont rien à y faire, le risque est de considérer cela comme étant en fait « normal » et non pas « problématique ». Et d’accepter de plus en plus de situations qui seraient autrement perçues comme largement abusives / risquées avec éventuellement une escalade dans la gravité des situations abusives.
L’autre aspect risqué, c’est de n’avoir jamais été en position de questionner / de ne pas s’être rendu.e compte qu’il y avait de facto un énorme problème, et de finir par se retrouver en position où l’on peut devenir la personne abusive.

J’ai pris l’exemple du skyclad, parce que dans les années 2005, c’était vu comme très très sulfureux. D’autant qu’on ne trouvait pas d’informations ou très peu, et qu’il y avait peu d’endroits où poser des questions ou avoir un back-up pour checker si c’était sain et normal ou pas. Ce n’est bien sûr qu’un exemple, et ce type de schéma peut s’adapter à bon nombre de pratiques.

En parlant de pratique, une autre question se pose : où s’arrête une pratique saine et où commence une pratique malsaine ?
Si on se cantonne à l’aspect purement humain, c’est déjà compliqué de savoir à quel moment une relation devient toxique (qu’elle soit amoureuse, professionnelle…) ou quand nous sommes dans une situation de violence (notamment quand la pratique est banalisée par le milieu au sein duquel on évolue, je pense par exemple aux pratiques de management de certaines entreprises), alors comment on fait quand on est en présence de pratiques comme les rituels de possession ? Les transes ?
Comment sait-on si c’est vraiment le rituel qui part en couille ou si c’est la personne qui va utiliser ce biais pour profiter de son niveau d’influence sur les autres ? Comment fait-on vérifier ? Par qui ? Il n’y a pas d’instances, de spécialiste(s) neutre(s) avec un diplôme. On peut trouver des personnes non directement concernées et extérieures à la question, mais là aussi, on les trouve comment ? Par le bouche-à-oreille ? Dans une communauté plus développée et différente ?
Je n’ai pas de réponse toute faite à ces questions, mais cela fait partie des aspects à garder en tête et d’y réfléchir, sans doute avant même de commencer à rencontrer un groupe ou autre. Comme me l’a soufflé très justement une des personnes qui a relu cet article : « quand on commence à se poser des questions, ne pas évacuer les choses du revers de la main. On ne se questionne jamais à partir de rien. »

Enfin, et si je ne rentrerai pas dans les détails au fil de cet article, oui, la pratique de la magie / des rituels / du seiðr… de ce que vous voulez, n’est pas sécuritaire. Oui, on peut se ramasser des bricoles. Même des rituels censés être positifs / bénéfiques pour une communauté peut avoir « un bug » pendant qu’il est performé et devenir l’inverse de ce qu’il était censé être.
Certaines pratiques semblent plus risquées que d’autres, mais dans tous les cas, le risque zéro n’existe pas.
D’où, je pense, l’importance d’essayer de comprendre, de décortiquer, de pouvoir échanger, questionner, évoluer… Quand on arrive, et que l’on a peu ou pas de points de repères fixes, comment on fait pour savoir si une pratique est légitime ? Si c’est vrai ? Si le groupe est sain ou pas ?

 

2. Un « monde païen » qui n’est pas « du monde »

Pour ne pas alourdir mon pavé, je ne retracerai pas l’histoire de figures comme celle de la Sorcière, ni ne raconterai l’importance du groupe et des risques qu’il y a/avait à se trouver « à la marge » ou à être « une minorité », supposant que chacun.e possède un minimum de représentation quant à ces sujets.
Tout ceci pour dire qu’il y a déjà une double caractérisation dans la CP sorcière et non sorcière : premièrement une variation plus ou moins grande par rapport à la norme* sociétale française contemporaine (descendant directement des Lumières, qui n’a quand on creuse, de Lumières que le nom…) mais aussi un certain historique d’opposition par rapport à cette norme*. [« Norme » désignant ici « ce que l’on retrouve le plus souvent / le postulat généralement présupposé faute d’informations complémentaires.]
Par « opposition » je n’entends pas ici un rapport de lutte (bien qu’il puisse coexister), mais plutôt deux constructions différentes qui bien que pouvant être proches, se distinguent de manière marquée, un peu comme dans un tableau. Que ce soit de manière consciente ou inconsciente, on note souvent cette marque dans de nombreux ouvrages ou témoignages : la marque d’une différence ressentie, de la recherche d’autre chose, d’une conscience que d’autres ne semblent pas avoir.

Cette opposition, couplée à d’autres facteurs qui ne sont pas propres à la CP (notamment l’impossibilité de pouvoir/devoir expliquer une partie de la nature du groupe / du rite, l’attitude potentielle de la police / des gendarmes, la peur d’être pris.e de haut -fondée ou non-, la difficulté d’arriver à porter plainte, la complexité des fonctionnements judiciaires,  et j’en passe) peut finir par favoriser un processus d’isolement.
Ce processus va par exemple, contribuer (je dis bien contribuer, parce que ce n’est pas un seul facteur qui entre en jeu) à empêcher les gens d’agir face à certains types d’abus voire de violence(s). Plutôt que de faire intervenir des gens situés à l’extérieur du groupe (type médecins, police, etc), le groupe essaiera de régler « ça » de manière « privée » (quand il le fait). Je souligne que ce n’est évidemment pas uniquement une question « de volonté » parce qu’en fonction des potentielles réactions que l’on a rencontrées au cours de nos vies, du soutien ou de l’absence de soutien, des peurs et des enjeux potentiels qui seront différents pour chacun.e, mais aussi des processus d’emprise, cela dépasse la simple question lâcheté / courage telle qu’on la voit souvent décrite de façon binaire.

Et si nous, nous nous considérons comme étant « du monde », parce que par exemple, nous sommes simplement « polythéiste soft », c’est le monde qui considérera que nous n’en sommes pas. On peut trouver différents degrés d’acceptation, validation et autres, mais à un moment donné, plus ou moins haut, cela risque de coincer (je pense notamment aux systèmes judiciaires, aux enquêtes sociales et j’en passe). Les structures et le poids des PC actuels ne nous permettant pas -encore- d’être autre chose qu’une minorité non influente. 

Des structures extrêmement mutables et diverses

Rares sont les groupes stables et nombreux. Ils sont même davantage des exceptions plutôt que la règle. La majorité des groupes existant se composent d’un petit nombre de personnes qui évoluent librement sans structure fixe ni de cadre légal, (a contrario d’une association qui doit avoir un statut enregistré et des membres désignés pour les fonctions administratives) leur longévité est variable.
On retrouve aussi quelques très rares associations françaises.
Ainsi, on a des personnes majoritairement isolées (voire des petits groupes informels) éclatés sur le territoire, avec des poches de concentration suivant les zones / type de pratique.
On a donc, nonobstant la diversité des pratiques religieuses / spirituelles / magiques, une constellation de groupes qui peuvent avoir des politiques de base et des règles de fonctionnement très différents les uns des autres, pour le meilleur comme pour le pire. En général, la plus universelle concerne la non admission de personnes mineures (ou alors pour le cas d’association, avec une autorisation signée de la part d’un représentant légal). Pour tout le reste, c’est à l’avenant et pas forcément toujours simple d’avoir certaines réponses, notamment parce que la majorité… n’ont pas forcément eux même idée de quelle attitude adopter sur place si tel ou tel truc ne se passe pas du tout comme prévu.

Ces groupes sont généralement relativement difficiles à trouver si on vient de l’extérieur et qu’on essaie de démarrer par une classique recherche google, même si ces dernières années, le développement des réseaux sociaux a fait changer la donne : ainsi le bouche-à-oreille se fait aujourd’hui énormément par ce biais : groupes FB, pages insta et autres. Certains sont publics, d’autres très confidentiels.

Ces groupes évoluent rapidement que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Les gens vieillissent et n’ont plus le temps de prendre part à des événements spécifiques, ou alors déménagent. La structure aussi bien que les participants changent. Retrouver la trace d’un ancien groupe, des traces de son existence, des archives ou avoir des confirmations d’autres personnes peut s’avérer une gageure.

Enfin, beaucoup sont surtout des groupes d’ami.e.s qui pratiquent ensembles et n’ont donc logiquement pas ou rarement d’autre « porte d’entrée » que le cercle de relation.

En fonction des sujets / thématiques / axes de pratique, il est légitime que certains type de groupes n’aient pas nécessairement vocation à accueillir du monde de manière ouverte, ni à être trouvable : de ce point de vue-là, il n’est pas possible de comparer un groupe à visée reconstructionniste et un groupe qui pratiquerait certaines formes de magie.

3. Des identités polymorphes

Les réseaux sociaux mentionnés au paragraphe précédent sont souvent une donnée très appréciable autant pour les nouvelles générations -qui ne sont plus seul.e.s dans leur piaule à planquer un livre sous le matelas en cachette- que pour les plus anciennes, puisqu’on a la possibilité d’échanger, de confronter nos points de vue, de pratiquer nos rites et nos rituels, bref qu’on a la possibilité d’accéder, ne serait-ce que virtuellement, à une communauté relativement diversifiée pouvant partager informations, ressources, et tant d’autre choses positives.

Cependant, toute médaille a son revers, et c’est devenu aussi plus difficile de savoir exactement où on débarque ; même en sachant que popularité et qualité ne vont ni de pairs ni ne sont antagonistes, c’est une véritable jungle -spécialement quand on débute- pour parvenir à trier l’information et y dénicher ce qui est pertinent par rapport à son cheminement personnel. La qualité des contenus est très variable, non seulement d’une personne à une autre, mais aussi suivant les sujets abordés : une personne offrant du contenu en ligne qui peut être très bon sur certains axes, moins sur d’autres.

Enfin, sur les réseaux, il est facile de changer d’identité. On efface tout et on recommence avec une nouvelle interface, un nouveau design et un nouveau pseudo.
C’est aussi possible IRL quoique moins fréquemment : comme la « population » change, que des nouveaux arrivent, on se fait oublier, on monte un nouveau groupe, un nouvel atelier et pouf. La dynamique des groupes, sans parler des « Amicales de Pratique », fait qu’il faut bien connaître les gens pour avoir des informations fiables sur qui se trouve derrière tel ou tel nouveau truc qui a fait pop.

Par manque de place, je ne détaillerai pas le fonctionnement des nouveaux réseaux sociaux, de plus en plus spécifiques, avec un algorithme difficilement compréhensible et dont les règles changent extrêmement fréquemment, rendant quasi-obligatoire la fréquence toujours plus importante non seulement des publications / vidéos mais également différents types d’échanges avec sa communauté / d’autres internautes. D’où la multiplication de tendances en cascade mais aussi des clashs plus ou moins vrais, pour générer de l’affluence. Pourquoi en parler ? Parce que ces nouveaux réseaux favorisent et contribuent à créer une fausse sensation d’intimité avec le compte suivi/ /  des sensations de comparaisons délétères pour l’estime de soi / des phénomènes de harcèlements prenant des proportions toujours plus importantes et j’en passe.

Concernant l’identité sur internet / dans la CP, si les raisons de base sont tout à fait compréhensibles et prudentes, à savoir une certaine discrétion -hautement nécessaire pour certaines professions-, la volonté de ne pas afficher publiquement ses croyances, choix personnels, etc. Il ressort néanmoins que c’est difficile d’avoir un aperçu juste et complet du nombre de pratiquant.e.s, de la composition d’un groupe, de l’identité personnelle (« civile » ou « paganisée » du moment qu’elle est stable, c’est à dire qu’elle ne change pas tous les quatre matins) et donc de pouvoir clairement se prémunir de certaines personnes abusives / de les empêcher de revenir après une éventuelle éviction d’un groupe / d’éviter à des gourous et autres de remonter leur arnaque.

En cas de problèmes du type abus, harcèlement, violences et j’en passe, cela complexifie considérablement les signalements ou les recours (sauf dans les associations où il est normalement possible d’en référer au bureau qui doit, en principe, prendre les mesures appropriées.)
En général, une personne équilibrée dans sa pratique et qui essaie d’avoir un fonctionnement sain ne ressent pas le besoin de changer de pseudo, ou de se créer une nouvelle identité tous les trois mois ou après un énième pétage de câbles, et ce de manière répétée, en effaçant à chaque fois les traces de l’ancienne. (Je ne parle pas ici de la personne qui s’inscrit sur un forum ou sur un discord avec un pseudo, et qui en utilise un autre sur FB.)

La/les CP sont de petites communautés, et plus rares sont celleux qui y restent de manière « active » pendant une voire deux ou trois dizaines d’années. Rares tout court sont celleux qui s’impliquent pour faire quoi que ce soit de concret (se rendre à un blot, organiser un groupe IRL, un atelier en ligne…) me dit-on dans l’oreillette.
Conjugué à une partie de ce qui a été énoncé au point b) un monde païen qui n’est pas « du monde », on peut également assister à un processus d’intériorisation extrêmement toxique : autrement dit, on ne parle pas à « l’extérieur » des problèmes que l’on rencontre dans la CP, pour ne pas « menacer » cette même communauté. (Et en même temps, quand on voit déjà le sort réservé aux enfants qui dénoncent l’inceste et aux mères protectrices, on a envie de dire « comment vous voulez faire ? »)
A noter que ce n’est pas « un choix » qui est « conscient », mais plutôt une zone bien grise au milieu d’une autre zone bien grise. Si on parle, comme il n’y a pas de « politique officielle païenne » ou « d’instances régulatrices », c’est un peu « au petit bonheur la chance » en fonction d’où on parle, de qui on est, et des « bonnes relations », ainsi que de la nature même de ce qui peut être problématique (et là on en revient au point a) des sujets liminaux).

[Deuil périnatal] Trame de blót à Frau Holda pour honorer un bébé décédé

[TW : comme le titre le précise explicitement, j’aborde ici la question du deuil périnatal, et propose une trame de blót pour honorer leur mémoire. Si vous êtes concerné.e.s et que vous ne souhaitez pas lire le blabla, je vous invite à scroller jusqu’au gros titre ◊ Déroulement du blót ◊]

Le 15 octobre est la journée mondiale du deuil périnatal, c’est à dire concernant les bébés morts avant la naissance (MFIU, IMG, etc) ou dans la période juste après. Cette période varie en fonction des définitions, celle de l’OMS par exemple, comporte les décès entre la 22e semaine d’aménorrhée et le 7e jour après la naissance.
Évidemment qu’ici, on s’en fout, parce qu’on ne va pas débattre autour des limites médicales pour la prise en charge, ou toutes les questions administratives qui vont avec.

⇒ * Dans le texte de l’article, j’emploie le mot bébé pour des raisons de simplification stylistique. Il est bien évident que le stade d’avancement biologique n’est pas la même pour un fœtus de 5SA et un bébé mort à 7 jours de vie. Cependant, la question des ressentis / vécus est hautement sensible en plus d’être très complexe, variable d’une personne à l’autre et parfois même pour la même personne. Bref, merci de me coller aucun « biais idéologique » parce que j’emploie directement ce terme au fur et à mesure des lignes qui vont suivre. Si pour une raisons ou une autre il vous gêne, remplacez-le. *

Ce que je vous propose ici, c’est une trame de blót à Frau Holda pour ceussent qui souhaitent honorer la mémoire de ces enfants. Ce n’est qu’un axe, et il va de soit que vous pouvez le reprendre et l’adapter en fonction de votre besoin.

Pour faire simple :

Ce n’est pas un sujet « populaire » au sens où typiquement ca fait fuir tout le monde, mais c’est malheureusement un sujet auquel on peut toustes être confronté : soit de manière directe en le vivant, soit par le biais d’un proche, soit parce qu’enfant on a été touché soit en faisant partie de la fratrie concernée, soit par le biais d’un autre enfant. Dans ce dernier cas, bien souvent, les adultes sont tentés de penser qu’on oublie, ou alors qu’on ne s’est pas vraiment rendu compte.

Ce n’est pas parce qu’on se met la tête dans le sable qu’on en sera préservé. Ce n’est pas parce qu’on en parle que ca nous tombe dessus. Ca, c’est de la pensée magique nuisible. Le plus gros risque que vous prenez en vous informant au moins un minimum (si vous n’êtes pas directement concerné) c’est éventuellement d’être moins maladroit (j’ai pas dit plus à l’aise) au cas où vous rencontrez un parent endeuillé et/ou de faire preuve d’un tout petit peu d’empathie.

A qui s’adresse ce blót ?

En priorité, à toutes les personnes asatrù / nordisantes / polythéistes (principalement pour des raisons de connaissances des fonctionnements rituels / divinités et autres questions pratiques non développées dans cet article. Ceci étant, si vous ne l’êtes pas et que vous souhaitez tout de même le faire, rien ne l’interdit tant que la cohérence est respectée : ainsi, on n’honore pas une divinité romaine -par exemple- pendant un blót)… qui souhaitent rendre hommage à des bébés* (voir plus haut pour l’usage de ce terme) morts, quelques en soient les raisons (je pars du principe que si vous souhaitez faire ce blót et sentez qu’il fait écho à un besoin en vous, vous n’avez probablement pas besoin ni envie qu’on rentre dans des débats sémantiques.)  Cela peut être pour des parents ou des proches, pour une de vos ancêtres dont vous savez qu’elle a vécu ce genre de situation (les histoires familiales abondant de ce type de récits, souvent transmis entre deux portes, par hasard, véritables bombes d’émotions et de chagrins encore bruts dans la mémoire de celle qui se confie, chagrins transmis, parfois de générations en générations et dont on peut ne pas savoir quoi en faire).

Qui est Frau Holda (Dame Holle) ?

Déesse plus spécifiquement germanique, elle est parfois également présentée comme étant Bertha ou Perchta (pour faire simple). On disait que les bébés provenaient du bassin de Frau Holda et que ceux qui étaient morts y retournaient. Figure bénévolente, elle les protège et les accueille, et est donc une déesse particulièrement adaptée dans le cas de ce blót.
Si vous souhaitez rester spécifiquement dans le panthéon nordique, il est possible de remplacer Frau Holda par Frigg, leurs attributs et leurs fonctions étant très proches.

◊ Déroulement du blót

En partant de la trame « New Modern Blót », j’ai choisi d’aller au plus simple, pour qu’il soit le plus facilement accessible pour tout le monde et facile à mettre en place, y compris pour des personnes n’ayant pas l’habitude de ritualiser, mais il est tout à fait possible de l’adapter pour en faire un rituel plus sophistiqué / de groupe (vous pouvez vous référer au lien dans la section des sources à la fin de l’article).
De même, je l’ai écris en pensant à celleux qui vont ritualiser en intérieur, considérant que c’est plus facile d’adapter dans le sens intérieur => extérieur que l’inverse. ;

Ce qu’il faut prévoir :

[Note : Vous n’avez pas besoin de matériel sophistiqué ou de dresser un autel compliqué, sauf si vous le souhaitez. Peut-être avez vous un espace dédié avec des photos de votre enfant et des objets spécifiques, ou une boîte dans laquelle vous avez rangé les souvenirs relatifs à son existence. Vous pouvez soit utiliser cet espace pour le blót, ou vous en servir pour dresser l’autel.]

– Une offrande pour Frau Holda (du lait, de l’hydromel ou un vin doux par exemple)
– Deux bougies (une pour l’autel, une autre qui servira pour allumer la bougie d’autel).
– De l’eau fraîche
– Deux bols : un pour verser les libations, un pour l’eau qui servira à se purifier.

1. Dresser l’autel avec des photos / objets qui évoque le(s) bébé(s), le bol à offrandes et la bougie. Si, pour une raison ou pour une autre, vous n’avez rien qui lui/leur soit directement relié, vous pouvez mettre son/leurs prénom(s) et nom(s) sur un morceau de papier, ou les nommer (par l’exemple « les enfants de ma grand-mère qui n’ont pas vus le jour » ou tout autre formulation qui vous paraît juste et adéquate par rapport à la situation) ou encore trouver un symbole qui les représente. Placer aussi un symbole qui évoque Frau Holda (quelques-uns de ses attributs : le lin (des graines de lin, un tissu ou du fil de lin…), le sureau, la faucille, le fuseau, les couleurs bleu et blanc -le brun et les tissus « bruts » sont aussi très utilisés-, des babioles représentant l’hiver ou des figurines représentant un bébé, des plumes blanches, les oies, les chats.) Si vous n’avez rien, il est aussi possible d’imprimer une image représentant Frau Holda (j’en ai compilé quelques unes ici).

2. Préparer la ou les offrandes à proximité de l’autel.

3. Préparer le bol d’eau (relativement grand si possible) et une lingette propre. Il est préférable que ce ne soit pas juste à côté de l’autel.

4. Allumer la bougie de « départ », qui servira à allumer la bougie rituel.

5. Faire trois fois le tour en cercle autour de l’autel avec la bougie de « départ » allumée (ou autour de l’espace au sein duquel vous allez pratiquer si l’autel est contre un mur) . Vous pouvez chanter ou réciter une formule / prière de bénédiction/ purification si vous le souhaitez.)

6. Rincez vous les mains et le visage avec l’eau du bol (pas besoin d’un grand nettoyage si vous êtes en intérieur, cela peut rester léger et symbolique). Essuyez-vous avec une lingette.

7. Prière / invocation à Frau Holda
(Cette prière /invocation est bien entendu une suggestion qui peut-être remplacée par la votre. J’ai mis entre parenthèse certains mots : la tournure « Notre-Dame » pouvant, selon les personnes, perçue très différemment avec des contextes différents.)

Frau Holda
(Notre) Dame du puit,
Protectrice
Des enfants non nés,
des enfants à naître,
et de ceux qui te sont retournés.
(Notre) Dame sous la terre
Gardienne des âmes,
passées et à venir.
(Notre) Dame du Foyer
Accueille en ta Demeure,
Au cœur de la nuit,
Au cœur de l’hiver, 
Ce(lle)ux qui retournent chez Toi. 
Et reçoit les au chaud sous ton toit. 
Frau Holda,
(Notre) Dame du Puit
Gardienne de la Source
(Notre) Dame sous la Terre
(Notre) Dame du Foyer.

8. Consacrez les offrandes à Holda, demandez lui de veiller sur les bébés auxquels vous souhaitez rendre hommage. Vous pouvez, si vous le souhaitez, leur transmettre un message (verbal ou choisir d’écrire quelques mots etc), leur parler, jouer un instrument de musique, chanter. etc.

9. Versez ou posez les offrandes dans le bol rituel.

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TRAME DU BLÒT TÉLÉCHARGEABLE EN PDF

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lectures connexes

• Concernant le deuil périnatal vous pouvez consulter notamment (ressources non exhaustives) :
AGAPA
Petite Emilie (qui concerne plus spécifiquement l’IMG, c’est-à-dire l’Interruption Médicale de Grossesse.)
Le compte insta de Julie @a_nos_étoiles
Au revoir Podcast – Animé par Sophie de Chivré

* * *
Goddess Holle: In search of a Germanic goddess
, GardenStone
La trame de blót de The Troth (consultation possible en français). La trame de blót utilisée ici est celle du « New modern », qui contrairement à ce que l’on pourrait supposer, est plus proche de ce que les sources anciennes semblent décrire, contrairement au « classic » qui est dérivé pour une bonne part de la wicca. Au risque de me répéter : rien ne vous interdit de réécrire complètement ma proposition en vous basant sur l’autre trame si elle vous parle davantage.

[Miscellanées] Witchcraft Asks 2/5

22. As-tu un autel ?
Oui. J’en ai même eu plusieurs en même temps. Un dans l’entrée pour Hécate et l’Esprit de la maison, deux dans la pièce rituel (un principal + un autre = c’était un peu les chaises musicales en fonction du travail du moment).
Aujourd’hui, on va dire deux, mais très sobres pour des raisons pratiques.

23. Quel est ton élément préféré ?
Alors, j’aime beaucoup le Feu et l’Eau. Mais en tant que tel, je n’ai pas recours aux éléments dans ma pratique actuelle. Ca a été le cas lors de mes jeunes années, quand je dressais un cercle et tout le toutim, mais plus aujourd’hui.

24. Te considères-tu comme un alchimiste ?
Non, du tout. C’est d’ailleurs un domaine que je trouve assez hermétique. Pour avoir travaillé en librairie ésotérique, les bouquins sont souvent hyper dispendieux. On dirait presque qu’il y a une volonté de garder ça pour une élite financière avec du temps. Ce n’est pas non plus un domaine qui m’attire.

25. À part sorcière, es-tu d’un autre type de pratiquant magique ?
Je suppose que ca fait référence aux pratiques comme la Haute Magie et/ou d’autres distinctions. La Haute Magie m’a brièvement intéressée au début du lycée (étudier Eliphas Lévi au lieu de faire ses DM de maths…) mais ce n’est pas ma tasse de thé, non plus que la Chaos Magick, etc.

26. Qu’est-ce qui t’intéresse dans la sorcellerie ?
Formulée de cette manière, je trouve la question un peu étrange. Comme si c’était un onglet particulier dans un grand classeur, alors que la sorcellerie est le classeur à part entière. Et même, comme ça, cela sous-entends que c’est domaine défini que l’on peut ranger dans une bibliothèque, alors que c’est beaucoup plus vaste et imbriqué. Pour essayer de trouver une comparaison, je ne m’intéresse pas intrinsèquement au fait de faire pousser des carottes. Ni même au fait de faire pousser des légumes. Ni à faire « un jardin ». C’est toute une vision tentaculaire autour de l’autonomie alimentaire, à un mode de vie plus écologique, plus simple et en reprenant des anciens savoirs-faire (herboristerie, teintures végétales, fermentation, éducation plus « libre et ancrée », préservation et transmission d’anciennes connaissances y compris avec des langues minoritaires, sortie du capitalisme et d’une consommation à outrance, métier ayant du sens, etc). Questionner en se demandant « ce qui m’intéresse dans la sorcellerie » c’est me demander pourquoi j’ai envie de faire pousser des carottes alors que la sorcellerie fait partie intégrante de tout un système. Par partie intégrante, j’entends qu’elle le compose, elle n’est même pas « une matière ».

27. As-tu déjà accompli un rituel en compagnie de quelqu’un qui n’était pas sorcier ?
Oui, et iels ont participé. J’avais explicitement posé les bases avant, en disant que ca ne demandait pas de croire aux mêmes divinités, au même système ou même « d’y croire », juste d’être respectueux et d’avoir le même but commun (l’objet du rituel étant l’abandon du projet pour l’aéroport de NDL.)  Que chacun était libre de faire son choix et que je n’accepterais pas non plus qu’on rigole si certain.e.s préféraient ne pas le faire. De mémoire, une ou deux personnes (sur une dizaine) ont préféré ne pas participer, et une à demander à regarder, préférant travailler sur le même but sans toutefois se mêler au rituel proprement dit. Le niveau d’écoute et de respect était ultra cool (moi j’étais super stressée parce qu’on m’a demandé ça à l’arrache et que je me suis foutue la pression toute seule.)

28. As-tu déjà utilisé le oui-ja ?
Oui. Avec une planche de contreplaqué et un marqueur. Avec une vrai toute classe chez une amie. Et bon, ca sert à rien d’avoir une planche à 200 balles, c’est kif-kif pour les résultats. Oui ca marche et honnêtement, si c’est un truc populaire pratiquement considéré comme un « divertissement » franchement je me méfie non seulement du bidule, mais de qui ca ramène et des gens avec qui on en fait.

29. Te considères-tu comme une médium ?
Non. Je ne suis pas médium et honnêtement heureusement parce que c’est pas une sinécure. Sincèrement ca a l’air méga chaud à gérer.

30. As-tu un guide spirituel ? Si oui, quel est-il ?
Spontanément, rien que l’expression m’évoque des trucs New Age qui sentent le tarot des anges de Doreen Virtue en combo avec le gilet en moumouth et les remarques soit disant sympa pour ton bien et qui puent le jugement.

31. Y a-t-il quelque chose que tu aurais aimé que l’on te dise quand tu as commencé ?

Je crois qu’on me l’a dit, que ca m’a pas plu / que j’y croyais pas et que j’ai pas écouté. Evidemment c’était vrai. « Ma mère avait raison » épisode 130.

32. Célèbres-tu les sabbats ? Si oui, quel est ton favori ?
Je ne célèbre pas tous les sabbats en tant que tel, mais certaines fêtes sont matérialisées par certains menus spécifiques / des recettes que je ne fais qu’à certaines périodes, et nous parlons de sa signification. En fait, et bien que ma pratique quotidienne soit aujourd’hui assez éloignée des habitudes de la wicca, j’ai gardé le « cadre », un peu comme dans les classes de maternelle, on peut retrouver des activités saisonnières pour aider les enfants à se repérer dans le temps et à situer le déroulement de l’année.
J’ai en revanche gardé l’habitude de fêter Samhaïn, et d’honorer certaines divinités spécifiques à Imbolc. Pour le reste, on fête globalement ce qui est en lien avec l’Asatrù et/ou avec certaines déités. (Mais le « calendrier familial » pourrait en fait pratiquement faire l’objet d’un article à part, nous ne fêtons pas le Thorrablót par exemple).

33. Apprendras-tu la sorcellerie à tes enfants ?
Vaste question.

34. Médites-tu ?
Non, ca m’a toujours fait chier. Faut arrêter d’ailleurs avec cette recommandation en number one pour tout un chacun. Genre si tu es stressé, faut méditer. T’as des crises d’anxiété ? Faut méditer. T’as machin ou truc ? Faut méditer. C’est un peu comme l’homéopathie, c’est donné à toutes les sauces sous prétexte que ca peut pas faire de mal. Alors que ce genre d’universalisme 1/ c’est de la merde 2/ si ca peut finir par faire du mal parce qu’on fini par s’obstiner et ne pas écouter ses ressentis, alors qu’il y a un vrai problème en dessous. (La comparaison avec l’homéopathie, c’est du vécu et je remercie pas la pro de santé en question…)

35. Quelle est ta saison favorite ?

Plus planplan on meurt : j’aime bien toutes les saisons. Chacune a son charme et ses inconvénients. Niveau santé, j’ai du mal à encaisser les températures supérieures à 23°C et le soleil, alors forcément l’été est un peu plus difficile à vivre.

36. Quel type de magie préfères-tu pratiquer ?
Celle qui marche. Sinon : est-ce qu’on pratique ou est-ce que c’est la magie qui nous pratique ?

37. Comment incorpores-tu ta spiritualité dans ta vie quotidienne ?
J’ai un bocal de levain sur le comptoir de ma cuisine.

38. Quel est ton film / série de sorcières préféré ?

Allez, un p’tit classique. Je suis fan du film « Les Ensorceleuses » depuis sa sortie quand j’étais au collège. ^^ J’ai bien aimé aussi « Les Nouvelles Aventures de Sabrina » qui est assez pertinent, en plus d’avoir Miranda Otto dans son casting. Enfant, j’aimais bien un film avec une académie de sorcières et une nana qui s’appelle Mildred. La pauvre était la plus « nulle », et on ne lui donne même pas un chat noir, mais un tigré (bisous les humiliations gratuites) mais je n’ai jamais su comment il s’appelait, c’était mon grand-père qui avait enregistré une cassette pour nous.

39. Quel est ton livre de sorcière préféré, de fiction ou non ? Pourquoi ?

Il est hors de question que ca parte en bibliographie incontrôlable (parce que je travaille dans le domaine du livre alors la lecture, c’est comment dire, la base).

40. Quel est le premier sortilège que tu aies jamais accompli ? Avec succès ou non.

J’étais petite, donc je ne me souviens plus, juste que ca avait été compliqué de le faire en cachette. Plus grande, je me souviens que c’était un sort de Sperandio. Hum. Il doit être dans une sauvegarde informatique de mes vieux carnets de sorcellerie, mais c’est le foutoir intégral. Je me souviens d’un certain succès.

41. Quelle est la chose la plus folle relative à la magie qui te soit arrivée ?

On va en prendre un comique et récent : j’avais jeté un sort de brouillage autour de ma baraque. Un soir je sors pour aller traficoter un truc, et je me suis perdue à 100m de chez moi. Je ne reconnaissais plus les lieux, c’était comme si on avait littéralement retourné le monde dans un bocal. J’ai passé un moment à tournicoter dans les ruelles (que je connais pourtant très bien) en m’insultant sur ma percevalite gratinée.

42. Quel est ton type de bougie préféré ?

Avec parcimonie et le moins de saloperies possible. Parce que comme tout ce qu’on a l’habitude d’utiliser sans réfléchir, ça a en réalité un impact écologique. Donc idéalement faites-maison en cire d’abeille et mèche de coton pour les occasions spéciales. Une correcte-basique-pas trop longtemps allumée pour le quotidien.
Ca ne veut pas dire que je ne trouve pas certaines bougies sublimes, mais clairement, ca doit rester exceptionnel (à mon sens).

[Miscellanées] Witchcraft Asks 1/5

Retrouvé dans la liste démentielle de mes brouillons. A l’origine (qui doit bien dater d’il y a quatre ou cinq ans), je me souviens que c’était une suite de questions écrites en anglais sur tumblr. [En cas de nouvelles infos je mettrai l’introduction à jour].  Ca remettra le blog en jambes et pour ceussent qui débouleraient ici, ca situera le boxon de manière un peu plus étoffée. La suite la semaine prochaine. (Si, c’est vrai, c’est programmé ^^).

1. Es-tu solitaire ou fais-tu partie d’un coven ?
C’est une question marrante. Elle sent à plein nez le Cunningham des années 2000. Mais si, quand il fallait se faufiler à la Fnac pour essayer de pécho trois informations sans sources dans un des rares bouquins traduit en français.
Le petit souci, c’est que direct, on démarre sur un biais avec un bon cloisonnement, une grosse dualité (on rappelle que la DEESSE c’est A GAUCHE SUR L’AUTEL. Pis UTILISE UNE BOUGIE ROUGE. Ou verte. Ou…) et que si c’est révélateur de quelque chose, c’est surtout de l’uniformisation des pratiques pseudo-sorciéro-païennes.
On va dire que c’est l’
habitus du milieu. :p

J’ai « pratiqué » (quoi d’ailleurs : la cuisine ?) seule. Puis avec des gens. Puis seule. Puis en couple (le pire des trucs) parce qu’il fallait équilibrer la dualité masculin-féminin bla bla bla, puis avec d’autres gens. Puis d’autres trucs. Bref, je suis pas certaine que la question soit pertinente si on est en présence / en pratique d’autre chose que la dichotomie « wicca/sorcellerie (pseudo) trad’  » vs. « je fais mon petit mic-mac perso / Cunningham power ». Oh putain, on en est encore là.

2. Te considères-tu comme wiccane, païenne, sorcière ou autre ?
« Je me considère en tant que tel » pour paraphraser Perceval. Plus sérieusement (si toutefois le sujet doit être considéré comme sérieux), je ne me « considère » pas. Je me bat le steak des étiquettes, mais ma pratique se rapproche de celle d’une völva, ou moins spécifiquement d’un.e spirit-worker. Avec de temps en temps des morceaux de sorcellerie « classique » dedans, mais de moins en moins, parce que less is more. Moins t’en fait, moins t’as besoin d’en faire. Les fils finissent par se rééquilibrer et peut-être aussi que je m’en fous de plus en plus. Faut vraiment que ca chauffe pour que je sorte les bougies et les petits pots, comme disait ma mère. Bref, ca n’a que peu d’intérêt, du moment que Eux savent ce que vous êtes censé.e faire (à défaut de vous-même, parce que si Eux le savent, vous naviguez souvent à l’arrache sans rien entraver) et que vous le faites. Le comment du pourquoi du blaze qui va bien, la Brochette s’en fous. Royalement.

3. Quel est ton signe du zodiaque ?
Comme ta sœur.

4. As-tu une divinité patronne ?
Un vieux (well, pas toujours) moisi borgne avec une cape bleue mal lavée qui pue. J’ai pas cherché dans cette direction là. J’ai même mis toute mon énergie à l’éviter et à aller creuser aux antipodes. Avec un succès proche de la fosse des Mariannes.

5. Travailles-tu avec un panthéon ?
Sans rires.

6. Utilises-tu le tarot, la chiromancie ou n’importe quel autre méthode de divination ?
Le premier, ce fût le pendule quand j’étais au CP. Je trippais sur Tintin et le professeur Tournesol avec son pendule. Ma liste de Noël comportait donc ce genre d’artéfact et il s’est avéré que je l’ai reçu. Je m’en suis servi. Ca a marché. Ma mère me l’a confisqué.
Toute jeune ado, la chiromancie, qui m’a valu un tas d’emmerdes. Et une sacré engueulade maternelle. D’ailleurs d’après elle « je ne savais pas faire, je disais de la merde, mais comme c’était vrai il fallait arrêter d’urgence avant d’avoir de réels problèmes parce que, je la cite, « les gens ne sont pas prêts à avoir les réponses aux questions qu’iels posent ». X)
Je tirais aussi un jeu de cartes tout chelou mais très efficace qui me tirait bien d’affaires pour savoir comment embobiner la prof d’allemand ou avoir une idée de quoi réviser. Ce n’est que quinze ans plus tard que je me suis rendue compte que ce jeu de cartes chelou, c’était un Lenormand. Offert par la femme de mon oncle. Puis confisqué par ma mère. (J’étais en sixième pour situer). Honnêtement, pour moi c’était un gros gag à la con qui juste était très pratique et très précis pour m’aider au quotidien, vu que dans le dit quotidien, j’avais un tas de problèmes plus ou moins graves (allant des soucis pour les déclinaisons d’allemand au harcèlement scolaire carabiné) et pas tellement de soutien.
Puis le tupperware cosmique s’est refermé comme il s’est ouvert. J’ai utilisé tout un tas de trucs comme les oghams, les runes, les tarots, le yi-king (oui, oui… bon ca m’a vite fait chier les réponses cryptiques), la bibliomancie, et les siiiiiiignes.
Le truc que tu attends fébrilement pour savoir si oui ou non ou quoi va te tomber dessus. Aujourd’hui, j’utilise que dalle, j’ai aucune envie de savoir ce qui m’attends au tournant merci bien. Par contre, j’utilise certains vieux trucs pour savoir comment gérer la (les) tâche(s) en cours.

7.  Quelles sont quelques unes des plantes que tu préfères utiliser dans ta pratique ?
J’ai, fût un temps, utilisé les herbes citées dans le Lacnunga sous forme d’un baume maison surnommé « baume du seiðr », la belladone et tout un tas de trucs pour les rituels, voyages et autres machins. Des tisanes en pagailles aussi. Et un tas de pratiques pas safe du tout, voire carrément débile, tout ça pour être « trop true ». On n’est pas sérieux quand on a 19 ans.

Actuellement, je dirais que l’herbe que je préfère utiliser est celle qui correspond. Ca sert à rien d’aller chercher un bazooka si tu as besoin d’une cuillère à thé.
Ceci étant, Mesdames et Messieurs Amanita Muscaria, Belladone, Jusquiame et C.nn.b.s ont mon affection. J’aime bien aussi la rose. Et les pivoines. Et la pâquerette (après avoir regardé de haut la p’tite fleur parce que je trouvais que c’était pas une herbe de sorcière. La blague…)

8. Comment définirais-tu ta sorcellerie ?
Seiðr, ca paraît assez concis pour en refermer une bonne partie. L’autre partie a un gros côté Poufsouffle cozy pour veiller sur la maisonnée (avec un 22. long rifle planqué derrière la porte d’entrée, juste au cas où). Le care, tout ça…

9. Accomplis-tu des malédictions ? Si non, acceptes-tu ceux qui le font ?
Si on me casse trop les couilles (euphémisme), j’ai pas plus de scrupules que ça, pour dire les choses platement. Idem pour les gros coup de pelle par terre en prévention. Le truc avec les malédictions et la raison pour laquelle il faut faire gaffe, selon moi, n’a pas tant à voir avec une question de gentillesse. C’est juste que globalement, ca te retombe dessus facilement, parce que si on maudit quelqu’un et que ca marche bien (du tonnerre même), c’est qu’on est impliqué. Et si on est impliqué, c’est que notre petit bout de fil est quelque part entortillé avec l’objet de la malédiction. Ce qui finit par arriver, c’est que les effets et les modalités d’expression d’une malédiction sont très peu prévisibles, même en ayant tout balisé. Et qu’on risque fort de se retrouver éclaboussé de merde au passage, ce qui n’est jamais agréable et potentiellement catastrophique. Aller maudire quelqu’un gratuitement, je n’en vois pas l’intérêt. En général, les gens se débrouillent très bien pour le faire tout seul.

Enfin, si la pratique des autres ne me regarde pas, et que je ne me mêle pas de la vie d’autrui (autant par manque de temps que par manque d’intérêt) les quelques années passées à pratiquer m’ont montré un truc : en général, si une personne a recours en permanence à des sorts et des trucs extrêmes pour tout gérer, c’est probablement qu’il y a un déséquilibre quelque part, et que c’est pas une bonne idée de l’approcher ou de la fréquenter. Pas par peur, mais parce que « chacun sa merde » et que, toujours de mon expérience, tu vas te retrouver « tissé » avec des gens qui n’ont ni parole, ni rien de valable, et que la merde te retombera dessus à un tel point qu’il te faudra avoir recours à tout un arsenal pour t’en sortir, aka on en revient au premier point.

Par contre, un petit coup de préventif contre certaines personnes / situations etc, c’est comme du savon noir sur certaines plantes.

10. Depuis combien de temps pratiques-tu ?
Mmmh, alors pour prendre un point de repère fixe, on va dire depuis 20 ans. Genre j’avais acheté un livre de Sperandio et fêté Beltane 2002. Voilà comment tout a commencé. Le reste, on pourrait passer des heures à épiloguer sur le carbone 14, vu que je fauchais déjà « Le Grand et Petit Albert » de ma mère quand j’étais en Ce2.

11. As-tu actuellement ou as-tu eu un/des familier(s) ?
Ouais. Des qui faisaient scrouic scrouic, des miaous et des qui faisaient vroum et ont mal fini. Le dernier en date est surnommé le Chapalu ou le démon sibérien.

12. Crois-tu au Karma et à la Réincarnation ?
Mes définitions en la matière se rapportent plutôt aux conceptions nordiques du truc.

13. As-tu un nom magique ?
J’ai des surnoms utilisés par certains Esprits, dans certains endroits, en certaines circonstances. Des petits noms aussi. Mais aucuns d’entre eux n’est utilisé dans des cadres humains. Pour le reste, Aranna, c’est bien. Et au passage, je me poile toujours sur la vieille rengaine du « les pseudos c’est bien pour la vie virtuelle, là on est dans le réel, bla bla bla », parce que en fait, parfois on peut avoir pas mal d’identités différentes IRL.

14. Es-tu sortie du placard à balai ?
J’ai jamais trop caché le bazar, et apparemment, je ne peux pas trop le cacher dixit ce qu’on me dit parfois.
Après, aujourd’hui, j’ai tendance à ne rien montrer et à tout passer sous silence, par commodité avec certaines instances régulatrices. Je soupçonne surtout les gens de voir ce qu’ils ont envie de voir, de croire ce qu’ils ont envie de croire, et que le tout reflète surtout leur vision des choses. Du coup je les laisse se débrouiller avec leur paradigme, ca leur tiendra chaud l’hiver.

15. Quel est le dernier sortilège que tu as accompli ?
Mettre un notaire en PLS. (Update de 2023 : faire peur à des administrations qui s’exécutent en moins d’une semaine alors que tu lis partout que c’est mort ?)

16. Est-ce que tu te considères comme quelqu’un d’instruit dans ce domaine ?
Encore une histoire de se considérer. Ca dépend du domaine dont il est question. Comme prof d’histoire de la magie, non, chuis une buse. Concernant les comparaisons dumézilienne je baille d’avance tellement le sujet me fait chier et que je dois me fader des exposés sur la question dans ma vie personnelle. (Le sujet n’est pas intrinsèquement chiant ou inintéressant, juste que perso, je sature total.)
En revanche, concernant le Vieux, oui, je me considère comme quelqu’un de globalement instruit. Même si ca a été un peu contre mon plein gré à une époque, et que j’ai oublié pas mal de trucs depuis 2012, la vie ordinaire étant bien bien remplie de trucs moins classe. (mais vu que les exposés sur Dumézil ne font ni à bouffer ni le ménage, faut bien quelqu’un s’y colle…)

17. Écris-tu tes propres sortilèges ?
Y’a pas besoin de les écrire.

18. As-tu un Livre des Ombres ? Si oui, comment est-il écrit et/ou composé ?
J’ai des carnets où je note des trucs. Avec des dates. Et des descriptions qu’on dirait Emile Zola. (Sinon, c’est un questionnaire ou une indication pour un storyboard là ?)

19. Rends-tu un culte à la nature ?
Oui et je me fous des ronces dans le cul à la pleine lune pour faire trop trou true. (Non sans rire, l’humour de mon ex m’a contaminée. Plus sérieusement, arrêtez la branlette sur des questions pareilles et jetez moins de trucs dans vos poubelles.)

20. Quel est ton cristal favori ?
Le grenat et l’ambre (c’est pas un cristal, osef.) Mais honnêtement, j’ai depuis cinq ans un blocage total avec le fait d’en acheter, de s’en servir pour faire des colifichets magiques et autres machins, alors que c’est tout sauf renouvelable.
La petite tendance du « c’est moi kikikalaplusbelle collection de caillasses » m’interpelle mais quelque chose de velu.

21. Utilises-tu des plumes, des griffes, de la fourrure, de la peau, des squelettes/os ou d’autres parties animales dans ta pratique ?
Oui même si en ce moment c’est plutôt « en hauteur et hors d’atteinte ».
Ca donne parfois des scénarios folklo quand tu te trimbales avec des gants, une caisse de plastique, une pelle… et un cadavre animal dans ton coffre de bagnole. Par contre, question règles hygiène et sécurité en la matière, je suis intraitable. Être loose sur la poussière d’une bibliothèque, c’est en règle général pas grave. Être loose et vouloir faire true avec des cadavres alors que des jeunes champignons sont présents, c’est complètement irresponsable.