[Miscellanées] Witchcraft Asks 2/5

22. As-tu un autel ?
Oui. J’en ai même eu plusieurs en même temps. Un dans l’entrée pour Hécate et l’Esprit de la maison, deux dans la pièce rituel (un principal + un autre = c’était un peu les chaises musicales en fonction du travail du moment).
Aujourd’hui, on va dire deux, mais très sobres pour des raisons pratiques.

23. Quel est ton élément préféré ?
Alors, j’aime beaucoup le Feu et l’Eau. Mais en tant que tel, je n’ai pas recours aux éléments dans ma pratique actuelle. Ca a été le cas lors de mes jeunes années, quand je dressais un cercle et tout le toutim, mais plus aujourd’hui.

24. Te considères-tu comme un alchimiste ?
Non, du tout. C’est d’ailleurs un domaine que je trouve assez hermétique. Pour avoir travaillé en librairie ésotérique, les bouquins sont souvent hyper dispendieux. On dirait presque qu’il y a une volonté de garder ça pour une élite financière avec du temps. Ce n’est pas non plus un domaine qui m’attire.

25. À part sorcière, es-tu d’un autre type de pratiquant magique ?
Je suppose que ca fait référence aux pratiques comme la Haute Magie et/ou d’autres distinctions. La Haute Magie m’a brièvement intéressée au début du lycée (étudier Eliphas Lévi au lieu de faire ses DM de maths…) mais ce n’est pas ma tasse de thé, non plus que la Chaos Magick, etc.

26. Qu’est-ce qui t’intéresse dans la sorcellerie ?
Formulée de cette manière, je trouve la question un peu étrange. Comme si c’était un onglet particulier dans un grand classeur, alors que la sorcellerie est le classeur à part entière. Et même, comme ça, cela sous-entends que c’est domaine défini que l’on peut ranger dans une bibliothèque, alors que c’est beaucoup plus vaste et imbriqué. Pour essayer de trouver une comparaison, je ne m’intéresse pas intrinsèquement au fait de faire pousser des carottes. Ni même au fait de faire pousser des légumes. Ni à faire « un jardin ». C’est toute une vision tentaculaire autour de l’autonomie alimentaire, à un mode de vie plus écologique, plus simple et en reprenant des anciens savoirs-faire (herboristerie, teintures végétales, fermentation, éducation plus « libre et ancrée », préservation et transmission d’anciennes connaissances y compris avec des langues minoritaires, sortie du capitalisme et d’une consommation à outrance, métier ayant du sens, etc). Questionner en se demandant « ce qui m’intéresse dans la sorcellerie » c’est me demander pourquoi j’ai envie de faire pousser des carottes alors que la sorcellerie fait partie intégrante de tout un système. Par partie intégrante, j’entends qu’elle le compose, elle n’est même pas « une matière ».

27. As-tu déjà accompli un rituel en compagnie de quelqu’un qui n’était pas sorcier ?
Oui, et iels ont participé. J’avais explicitement posé les bases avant, en disant que ca ne demandait pas de croire aux mêmes divinités, au même système ou même « d’y croire », juste d’être respectueux et d’avoir le même but commun (l’objet du rituel étant l’abandon du projet pour l’aéroport de NDL.)  Que chacun était libre de faire son choix et que je n’accepterais pas non plus qu’on rigole si certain.e.s préféraient ne pas le faire. De mémoire, une ou deux personnes (sur une dizaine) ont préféré ne pas participer, et une à demander à regarder, préférant travailler sur le même but sans toutefois se mêler au rituel proprement dit. Le niveau d’écoute et de respect était ultra cool (moi j’étais super stressée parce qu’on m’a demandé ça à l’arrache et que je me suis foutue la pression toute seule.)

28. As-tu déjà utilisé le oui-ja ?
Oui. Avec une planche de contreplaqué et un marqueur. Avec une vrai toute classe chez une amie. Et bon, ca sert à rien d’avoir une planche à 200 balles, c’est kif-kif pour les résultats. Oui ca marche et honnêtement, si c’est un truc populaire pratiquement considéré comme un « divertissement » franchement je me méfie non seulement du bidule, mais de qui ca ramène et des gens avec qui on en fait.

29. Te considères-tu comme une médium ?
Non. Je ne suis pas médium et honnêtement heureusement parce que c’est pas une sinécure. Sincèrement ca a l’air méga chaud à gérer.

30. As-tu un guide spirituel ? Si oui, quel est-il ?
Spontanément, rien que l’expression m’évoque des trucs New Age qui sentent le tarot des anges de Doreen Virtue en combo avec le gilet en moumouth et les remarques soit disant sympa pour ton bien et qui puent le jugement.

31. Y a-t-il quelque chose que tu aurais aimé que l’on te dise quand tu as commencé ?

Je crois qu’on me l’a dit, que ca m’a pas plu / que j’y croyais pas et que j’ai pas écouté. Evidemment c’était vrai. « Ma mère avait raison » épisode 130.

32. Célèbres-tu les sabbats ? Si oui, quel est ton favori ?
Je ne célèbre pas tous les sabbats en tant que tel, mais certaines fêtes sont matérialisées par certains menus spécifiques / des recettes que je ne fais qu’à certaines périodes, et nous parlons de sa signification. En fait, et bien que ma pratique quotidienne soit aujourd’hui assez éloignée des habitudes de la wicca, j’ai gardé le « cadre », un peu comme dans les classes de maternelle, on peut retrouver des activités saisonnières pour aider les enfants à se repérer dans le temps et à situer le déroulement de l’année.
J’ai en revanche gardé l’habitude de fêter Samhaïn, et d’honorer certaines divinités spécifiques à Imbolc. Pour le reste, on fête globalement ce qui est en lien avec l’Asatrù et/ou avec certaines déités. (Mais le « calendrier familial » pourrait en fait pratiquement faire l’objet d’un article à part, nous ne fêtons pas le Thorrablót par exemple).

33. Apprendras-tu la sorcellerie à tes enfants ?
Vaste question.

34. Médites-tu ?
Non, ca m’a toujours fait chier. Faut arrêter d’ailleurs avec cette recommandation en number one pour tout un chacun. Genre si tu es stressé, faut méditer. T’as des crises d’anxiété ? Faut méditer. T’as machin ou truc ? Faut méditer. C’est un peu comme l’homéopathie, c’est donné à toutes les sauces sous prétexte que ca peut pas faire de mal. Alors que ce genre d’universalisme 1/ c’est de la merde 2/ si ca peut finir par faire du mal parce qu’on fini par s’obstiner et ne pas écouter ses ressentis, alors qu’il y a un vrai problème en dessous. (La comparaison avec l’homéopathie, c’est du vécu et je remercie pas la pro de santé en question…)

35. Quelle est ta saison favorite ?

Plus planplan on meurt : j’aime bien toutes les saisons. Chacune a son charme et ses inconvénients. Niveau santé, j’ai du mal à encaisser les températures supérieures à 23°C et le soleil, alors forcément l’été est un peu plus difficile à vivre.

36. Quel type de magie préfères-tu pratiquer ?
Celle qui marche. Sinon : est-ce qu’on pratique ou est-ce que c’est la magie qui nous pratique ?

37. Comment incorpores-tu ta spiritualité dans ta vie quotidienne ?
J’ai un bocal de levain sur le comptoir de ma cuisine.

38. Quel est ton film / série de sorcières préféré ?

Allez, un p’tit classique. Je suis fan du film « Les Ensorceleuses » depuis sa sortie quand j’étais au collège. ^^ J’ai bien aimé aussi « Les Nouvelles Aventures de Sabrina » qui est assez pertinent, en plus d’avoir Miranda Otto dans son casting. Enfant, j’aimais bien un film avec une académie de sorcières et une nana qui s’appelle Mildred. La pauvre était la plus « nulle », et on ne lui donne même pas un chat noir, mais un tigré (bisous les humiliations gratuites) mais je n’ai jamais su comment il s’appelait, c’était mon grand-père qui avait enregistré une cassette pour nous.

39. Quel est ton livre de sorcière préféré, de fiction ou non ? Pourquoi ?

Il est hors de question que ca parte en bibliographie incontrôlable (parce que je travaille dans le domaine du livre alors la lecture, c’est comment dire, la base).

40. Quel est le premier sortilège que tu aies jamais accompli ? Avec succès ou non.

J’étais petite, donc je ne me souviens plus, juste que ca avait été compliqué de le faire en cachette. Plus grande, je me souviens que c’était un sort de Sperandio. Hum. Il doit être dans une sauvegarde informatique de mes vieux carnets de sorcellerie, mais c’est le foutoir intégral. Je me souviens d’un certain succès.

41. Quelle est la chose la plus folle relative à la magie qui te soit arrivée ?

On va en prendre un comique et récent : j’avais jeté un sort de brouillage autour de ma baraque. Un soir je sors pour aller traficoter un truc, et je me suis perdue à 100m de chez moi. Je ne reconnaissais plus les lieux, c’était comme si on avait littéralement retourné le monde dans un bocal. J’ai passé un moment à tournicoter dans les ruelles (que je connais pourtant très bien) en m’insultant sur ma percevalite gratinée.

42. Quel est ton type de bougie préféré ?

Avec parcimonie et le moins de saloperies possible. Parce que comme tout ce qu’on a l’habitude d’utiliser sans réfléchir, ça a en réalité un impact écologique. Donc idéalement faites-maison en cire d’abeille et mèche de coton pour les occasions spéciales. Une correcte-basique-pas trop longtemps allumée pour le quotidien.
Ca ne veut pas dire que je ne trouve pas certaines bougies sublimes, mais clairement, ca doit rester exceptionnel (à mon sens).

[Miscellanées] Witchcraft Asks 1/5

Retrouvé dans la liste démentielle de mes brouillons. A l’origine (qui doit bien dater d’il y a quatre ou cinq ans), je me souviens que c’était une suite de questions écrites en anglais sur tumblr. [En cas de nouvelles infos je mettrai l’introduction à jour].  Ca remettra le blog en jambes et pour ceussent qui débouleraient ici, ca situera le boxon de manière un peu plus étoffée. La suite la semaine prochaine. (Si, c’est vrai, c’est programmé ^^).

1. Es-tu solitaire ou fais-tu partie d’un coven ?
C’est une question marrante. Elle sent à plein nez le Cunningham des années 2000. Mais si, quand il fallait se faufiler à la Fnac pour essayer de pécho trois informations sans sources dans un des rares bouquins traduit en français.
Le petit souci, c’est que direct, on démarre sur un biais avec un bon cloisonnement, une grosse dualité (on rappelle que la DEESSE c’est A GAUCHE SUR L’AUTEL. Pis UTILISE UNE BOUGIE ROUGE. Ou verte. Ou…) et que si c’est révélateur de quelque chose, c’est surtout de l’uniformisation des pratiques pseudo-sorciéro-païennes.
On va dire que c’est l’
habitus du milieu. :p

J’ai « pratiqué » (quoi d’ailleurs : la cuisine ?) seule. Puis avec des gens. Puis seule. Puis en couple (le pire des trucs) parce qu’il fallait équilibrer la dualité masculin-féminin bla bla bla, puis avec d’autres gens. Puis d’autres trucs. Bref, je suis pas certaine que la question soit pertinente si on est en présence / en pratique d’autre chose que la dichotomie « wicca/sorcellerie (pseudo) trad’  » vs. « je fais mon petit mic-mac perso / Cunningham power ». Oh putain, on en est encore là.

2. Te considères-tu comme wiccane, païenne, sorcière ou autre ?
« Je me considère en tant que tel » pour paraphraser Perceval. Plus sérieusement (si toutefois le sujet doit être considéré comme sérieux), je ne me « considère » pas. Je me bat le steak des étiquettes, mais ma pratique se rapproche de celle d’une völva, ou moins spécifiquement d’un.e spirit-worker. Avec de temps en temps des morceaux de sorcellerie « classique » dedans, mais de moins en moins, parce que less is more. Moins t’en fait, moins t’as besoin d’en faire. Les fils finissent par se rééquilibrer et peut-être aussi que je m’en fous de plus en plus. Faut vraiment que ca chauffe pour que je sorte les bougies et les petits pots, comme disait ma mère. Bref, ca n’a que peu d’intérêt, du moment que Eux savent ce que vous êtes censé.e faire (à défaut de vous-même, parce que si Eux le savent, vous naviguez souvent à l’arrache sans rien entraver) et que vous le faites. Le comment du pourquoi du blaze qui va bien, la Brochette s’en fous. Royalement.

3. Quel est ton signe du zodiaque ?
Comme ta sœur.

4. As-tu une divinité patronne ?
Un vieux (well, pas toujours) moisi borgne avec une cape bleue mal lavée qui pue. J’ai pas cherché dans cette direction là. J’ai même mis toute mon énergie à l’éviter et à aller creuser aux antipodes. Avec un succès proche de la fosse des Mariannes.

5. Travailles-tu avec un panthéon ?
Sans rires.

6. Utilises-tu le tarot, la chiromancie ou n’importe quel autre méthode de divination ?
Le premier, ce fût le pendule quand j’étais au CP. Je trippais sur Tintin et le professeur Tournesol avec son pendule. Ma liste de Noël comportait donc ce genre d’artéfact et il s’est avéré que je l’ai reçu. Je m’en suis servi. Ca a marché. Ma mère me l’a confisqué.
Toute jeune ado, la chiromancie, qui m’a valu un tas d’emmerdes. Et une sacré engueulade maternelle. D’ailleurs d’après elle « je ne savais pas faire, je disais de la merde, mais comme c’était vrai il fallait arrêter d’urgence avant d’avoir de réels problèmes parce que, je la cite, « les gens ne sont pas prêts à avoir les réponses aux questions qu’iels posent ». X)
Je tirais aussi un jeu de cartes tout chelou mais très efficace qui me tirait bien d’affaires pour savoir comment embobiner la prof d’allemand ou avoir une idée de quoi réviser. Ce n’est que quinze ans plus tard que je me suis rendue compte que ce jeu de cartes chelou, c’était un Lenormand. Offert par la femme de mon oncle. Puis confisqué par ma mère. (J’étais en sixième pour situer). Honnêtement, pour moi c’était un gros gag à la con qui juste était très pratique et très précis pour m’aider au quotidien, vu que dans le dit quotidien, j’avais un tas de problèmes plus ou moins graves (allant des soucis pour les déclinaisons d’allemand au harcèlement scolaire carabiné) et pas tellement de soutien.
Puis le tupperware cosmique s’est refermé comme il s’est ouvert. J’ai utilisé tout un tas de trucs comme les oghams, les runes, les tarots, le yi-king (oui, oui… bon ca m’a vite fait chier les réponses cryptiques), la bibliomancie, et les siiiiiiignes.
Le truc que tu attends fébrilement pour savoir si oui ou non ou quoi va te tomber dessus. Aujourd’hui, j’utilise que dalle, j’ai aucune envie de savoir ce qui m’attends au tournant merci bien. Par contre, j’utilise certains vieux trucs pour savoir comment gérer la (les) tâche(s) en cours.

7.  Quelles sont quelques unes des plantes que tu préfères utiliser dans ta pratique ?
J’ai, fût un temps, utilisé les herbes citées dans le Lacnunga sous forme d’un baume maison surnommé « baume du seiðr », la belladone et tout un tas de trucs pour les rituels, voyages et autres machins. Des tisanes en pagailles aussi. Et un tas de pratiques pas safe du tout, voire carrément débile, tout ça pour être « trop true ». On n’est pas sérieux quand on a 19 ans.

Actuellement, je dirais que l’herbe que je préfère utiliser est celle qui correspond. Ca sert à rien d’aller chercher un bazooka si tu as besoin d’une cuillère à thé.
Ceci étant, Mesdames et Messieurs Amanita Muscaria, Belladone, Jusquiame et C.nn.b.s ont mon affection. J’aime bien aussi la rose. Et les pivoines. Et la pâquerette (après avoir regardé de haut la p’tite fleur parce que je trouvais que c’était pas une herbe de sorcière. La blague…)

8. Comment définirais-tu ta sorcellerie ?
Seiðr, ca paraît assez concis pour en refermer une bonne partie. L’autre partie a un gros côté Poufsouffle cozy pour veiller sur la maisonnée (avec un 22. long rifle planqué derrière la porte d’entrée, juste au cas où). Le care, tout ça…

9. Accomplis-tu des malédictions ? Si non, acceptes-tu ceux qui le font ?
Si on me casse trop les couilles (euphémisme), j’ai pas plus de scrupules que ça, pour dire les choses platement. Idem pour les gros coup de pelle par terre en prévention. Le truc avec les malédictions et la raison pour laquelle il faut faire gaffe, selon moi, n’a pas tant à voir avec une question de gentillesse. C’est juste que globalement, ca te retombe dessus facilement, parce que si on maudit quelqu’un et que ca marche bien (du tonnerre même), c’est qu’on est impliqué. Et si on est impliqué, c’est que notre petit bout de fil est quelque part entortillé avec l’objet de la malédiction. Ce qui finit par arriver, c’est que les effets et les modalités d’expression d’une malédiction sont très peu prévisibles, même en ayant tout balisé. Et qu’on risque fort de se retrouver éclaboussé de merde au passage, ce qui n’est jamais agréable et potentiellement catastrophique. Aller maudire quelqu’un gratuitement, je n’en vois pas l’intérêt. En général, les gens se débrouillent très bien pour le faire tout seul.

Enfin, si la pratique des autres ne me regarde pas, et que je ne me mêle pas de la vie d’autrui (autant par manque de temps que par manque d’intérêt) les quelques années passées à pratiquer m’ont montré un truc : en général, si une personne a recours en permanence à des sorts et des trucs extrêmes pour tout gérer, c’est probablement qu’il y a un déséquilibre quelque part, et que c’est pas une bonne idée de l’approcher ou de la fréquenter. Pas par peur, mais parce que « chacun sa merde » et que, toujours de mon expérience, tu vas te retrouver « tissé » avec des gens qui n’ont ni parole, ni rien de valable, et que la merde te retombera dessus à un tel point qu’il te faudra avoir recours à tout un arsenal pour t’en sortir, aka on en revient au premier point.

Par contre, un petit coup de préventif contre certaines personnes / situations etc, c’est comme du savon noir sur certaines plantes.

10. Depuis combien de temps pratiques-tu ?
Mmmh, alors pour prendre un point de repère fixe, on va dire depuis 20 ans. Genre j’avais acheté un livre de Sperandio et fêté Beltane 2002. Voilà comment tout a commencé. Le reste, on pourrait passer des heures à épiloguer sur le carbone 14, vu que je fauchais déjà « Le Grand et Petit Albert » de ma mère quand j’étais en Ce2.

11. As-tu actuellement ou as-tu eu un/des familier(s) ?
Ouais. Des qui faisaient scrouic scrouic, des miaous et des qui faisaient vroum et ont mal fini. Le dernier en date est surnommé le Chapalu ou le démon sibérien.

12. Crois-tu au Karma et à la Réincarnation ?
Mes définitions en la matière se rapportent plutôt aux conceptions nordiques du truc.

13. As-tu un nom magique ?
J’ai des surnoms utilisés par certains Esprits, dans certains endroits, en certaines circonstances. Des petits noms aussi. Mais aucuns d’entre eux n’est utilisé dans des cadres humains. Pour le reste, Aranna, c’est bien. Et au passage, je me poile toujours sur la vieille rengaine du « les pseudos c’est bien pour la vie virtuelle, là on est dans le réel, bla bla bla », parce que en fait, parfois on peut avoir pas mal d’identités différentes IRL.

14. Es-tu sortie du placard à balai ?
J’ai jamais trop caché le bazar, et apparemment, je ne peux pas trop le cacher dixit ce qu’on me dit parfois.
Après, aujourd’hui, j’ai tendance à ne rien montrer et à tout passer sous silence, par commodité avec certaines instances régulatrices. Je soupçonne surtout les gens de voir ce qu’ils ont envie de voir, de croire ce qu’ils ont envie de croire, et que le tout reflète surtout leur vision des choses. Du coup je les laisse se débrouiller avec leur paradigme, ca leur tiendra chaud l’hiver.

15. Quel est le dernier sortilège que tu as accompli ?
Mettre un notaire en PLS. (Update de 2023 : faire peur à des administrations qui s’exécutent en moins d’une semaine alors que tu lis partout que c’est mort ?)

16. Est-ce que tu te considères comme quelqu’un d’instruit dans ce domaine ?
Encore une histoire de se considérer. Ca dépend du domaine dont il est question. Comme prof d’histoire de la magie, non, chuis une buse. Concernant les comparaisons dumézilienne je baille d’avance tellement le sujet me fait chier et que je dois me fader des exposés sur la question dans ma vie personnelle. (Le sujet n’est pas intrinsèquement chiant ou inintéressant, juste que perso, je sature total.)
En revanche, concernant le Vieux, oui, je me considère comme quelqu’un de globalement instruit. Même si ca a été un peu contre mon plein gré à une époque, et que j’ai oublié pas mal de trucs depuis 2012, la vie ordinaire étant bien bien remplie de trucs moins classe. (mais vu que les exposés sur Dumézil ne font ni à bouffer ni le ménage, faut bien quelqu’un s’y colle…)

17. Écris-tu tes propres sortilèges ?
Y’a pas besoin de les écrire.

18. As-tu un Livre des Ombres ? Si oui, comment est-il écrit et/ou composé ?
J’ai des carnets où je note des trucs. Avec des dates. Et des descriptions qu’on dirait Emile Zola. (Sinon, c’est un questionnaire ou une indication pour un storyboard là ?)

19. Rends-tu un culte à la nature ?
Oui et je me fous des ronces dans le cul à la pleine lune pour faire trop trou true. (Non sans rire, l’humour de mon ex m’a contaminée. Plus sérieusement, arrêtez la branlette sur des questions pareilles et jetez moins de trucs dans vos poubelles.)

20. Quel est ton cristal favori ?
Le grenat et l’ambre (c’est pas un cristal, osef.) Mais honnêtement, j’ai depuis cinq ans un blocage total avec le fait d’en acheter, de s’en servir pour faire des colifichets magiques et autres machins, alors que c’est tout sauf renouvelable.
La petite tendance du « c’est moi kikikalaplusbelle collection de caillasses » m’interpelle mais quelque chose de velu.

21. Utilises-tu des plumes, des griffes, de la fourrure, de la peau, des squelettes/os ou d’autres parties animales dans ta pratique ?
Oui même si en ce moment c’est plutôt « en hauteur et hors d’atteinte ».
Ca donne parfois des scénarios folklo quand tu te trimbales avec des gants, une caisse de plastique, une pelle… et un cadavre animal dans ton coffre de bagnole. Par contre, question règles hygiène et sécurité en la matière, je suis intraitable. Être loose sur la poussière d’une bibliothèque, c’est en règle général pas grave. Être loose et vouloir faire true avec des cadavres alors que des jeunes champignons sont présents, c’est complètement irresponsable.

Peut-on encore parler de Sorcellerie traditionnelle ?

Sporegod, 2011 par Zhectoid

Après une longue période où la wicca a été extrêmement populaire, au point de devenir trop souvent synonyme de néo-paganisme/paganisme pour une grande majorité de personnes mal informées (et qui souvent ne cherchent pas à faire la différence), on assiste depuis quelques années à la présence grandissante d’un ensemble de pratiques regroupées sous le terme fourre-tout de « sorcellerie traditionnelle ». À l’instar de la wicca, on a vu une quantité impressionnante d’ouvrages et de blogs abordant cette branche se réclamant de l’héritage directe d’anciennes pratiques de certaines régions. La « sorcellerie traditionnelle » est souvent désignée sous différentes dénominations, dont pour l’anglais « Hedge Witchery », « Traditional Witchcraft ».
Bien évidemment, l’immense majorité de ces blogs et de ces ouvrages (plus ou moins sérieux, plus ou moins bien documentés, suivant l’éditeur ou l’auteur) mettent un point d’honneur à expliquer en long, en large et en travers que, non, non, non, rien à voir avec la wicca, cette invention de Gardner. Eux sont bien évidemment plus true, plus authentique, moins fluff et « not for everyone » (J’adore. Genre un sentier, peu importe lequel, est adapté à tout le monde. On n’ose même plus dire qu’un vêtement ou un sport est pour tout le monde, alors le préciser pour la « sorcellerie traditionnelle », quelle blague. Genre c’est un passe-temps que vous pourriez avoir la lubie d’essayer. Quoi que parfois…)
Jusque là, il y a un semblant de cohérence. Sauf que les choses se gâtent quand dans la plupart des cas, il devient subitement question de manière d’invoquer les quatre éléments, de cercle de protection, d’une déesse dominante, d’un dieu cornu, d’outils de pratique et bla, et bla, et bla.
En fait, par moment on a l’impression que la wicca, ca faisait pas assez sérieux depuis qu’elle est devenue éclectique (attendez, on ne va pas accueillir n’importe qui quand même ? Trop mainstream les gens…). Et puis la « wicca traditionnelle » (aka la mal nommée Wicca « gardnérienne », pour ne pas rentrer dans le détail) ca ne sonnait pas assez « certifié authentique A.O.C depuis 1720 ». En plus Garnder aimait se mettre à poil et puis il faut réunir un groupe de personnes, c’est trop compliqué. Non, la « sorcellerie traditionnelle » ca fait tout de suite plus terroir (pas trop quand  même, sinon vous allez passer pour un identitaire), plus vrai, on jette le rede wiccan à la poubelle et puis on peut pratiquer seul/e. En prime, plus on bidouille à sa sauce, mieux c’est et personne ne peut vérifier. Quelle idée de génie !

À la limite, pourquoi pas : intrinsèquement, que chacun se réapproprie un ensemble de pratiques et les adapte à son pagus, à son histoire et que le tout soit diffusé, quelque part, tant mieux. Une tradition qui ne vit pas, qui ne s’adapte pas, qui n’évolue et que l’on ne transmet pas est une tradition qui meurt. Personnellement, je préfère voir voir évolutions et partages plutôt qu’une uniformisation globale faite de tout et de rien, qui ne revêt plus de sens pour personne.
Sauf qu’une tradition n’est pas un truc qui surgit de nul part. Si les traditions sont souvent comparées à des arbres, c’est bien parce qu’elles ont des racines. Une tradition s’inscrit dans une culture (et je parle pas de « culture livresque ». Si, si je précise, parfois il y a des gens qui n’arrivent pas à faire la différence), dans une civilisation. C’est tout un système, exactement comme un organisme vivant, avec son mode de fonctionnement, sa société régit par des processus de fonctionnement et des normes sociales. En dehors de ce système et si ce dernier n’existe plus, alors le reste meurt. Exactement comme un organe doit rapidement être transplanté si on ne veut pas le perdre.
Le principal désaccord que j’ai avec cette tendance (je n’aime pas parler de mode. Je ne pense pas que les gens s’amusent à changer de croyances / pratiques uniquement parce que le voisin le fait. Certes, le voisin les a peut-être inspiré, mais s’il n’y avait eu en eux aucune résonance, alors je doute fort qu’ils aient emprunté ce chemin. Je suis loin d’être une grande humaniste, mais prendre par défaut tous les gens pour des cons, c’est le plus sûr moyen pour qu’ils le deviennent.) n’est pas tant dans le contenu de la tendance en elle-même, mais davantage dans le vocabulaire utilisé pour la désigner.
Les mots ne sont pas neutres et la manière dont nous choisissons d’employer tel ou tel terme pour nommer un fait, un processus, un ensemble de croyances participe à son identité et à son ancrage dans la mémoire collective. Hors, les pratiques que l’on trouve sous cette étiquette si elles sont effectivement inspirées de coutumes authentiques, sont trop souvent dénaturées par un processus de regroupement qui finit par leurs faire perdre leur sens premier. (Et premièrement, on peut question l’emploi du singulier dans les termes de « Sorcellerie traditionnelle. » Comme s’il n’y en avait qu’une.)
Je m’explique : c’est probablement une très bonne idée de s’inspirer du folklore d’une région en particulier et de vouloir écrire un livre sur la « Sorcellerie traditionnelle XXXX ». Maintenant, quand on constate que les quelques éléments de la culture locale en la matière se retrouvent sous une articulation qui évoque directement certains ouvrages plus que basiques sur la wicca (l’idée de l’existence d’une grande déesse du coin et de son consort fait notamment fureur), et que l’auteur/e dans son introduction a pris soin de bien dire que ce livre là, attention, c’est du vrai, hein, et que ca vient directement de telle ou telle personne, mais que l’ouvrage est dépourvu de tout élément historique ou permettant de resituer les pratiques dans un contexte social, même généraliste, alors oui, je trouve qu’il y a un très gros problème. Pas tant dans le fait de réécrire la tradition, mais dans le fait de prétendre que c’est la tradition originelle, qu’elle n’a pas changée. On peut agrémenter le tout avec autant de beaux dessins en noir et blanc et de mots de la langue ou du dialecte local, ça n’en reste pas moins du foutage de gueule malhonnête qui se vend pour se qu’il n’est pas. (Et encore, je n’aborde la question de la pertinence du médium de transmission ni ne questionne celle de la sortie du contexte culturelle).
La sorcellerie traditionnelle s’inscrivait dans une société essentiellement rurale qui a aujourd’hui majoritairement disparue en Europe Occidentale. Son fonctionnement, ses mœurs et son architecture ont évolué de manière drastique tout au long du XXe siècle (plus particulièrement à partir de la guerre de 14-18 et quasiment achevé dans les années 60. Cette datation est plus ou moins valable suivant les endroits ou même les pays. En France, c’est globalement pertinent.) La société d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier, et prétendre que les courants de sorcelleries traditionnelles n’ont pas subis eux aussi le contrecoup de cette évolution est absurde. Cela ne veut pas nécessairement dire que tout a disparu : certains éléments ont perduré, certains ont disparu, d’autres se sont probablement ajoutés.
Comme je le disais plus haut, on peut questionner le fait d’utiliser le terme de « Sorcellerie traditionnelle » au singulier pour désigner un ensemble de pratiques censé être propre à chaque région, et donc à chaque groupement établi sur un territoire plus ou moins défini, possédant qui une langue, qui un dialecte, qui un parler avec ses particularités et ses expressions, son histoire, ses coutumes, bref tout son bagage et son système. En gros, est-il possible de parler d’une sorcellerie traditionnelle française, d’une sorcellerie traditionnelle anglaise et de donner, sous couleur d’arpenter un chemin se voulant moins galvaudé, dans la grosse généralisation sans aucun approfondissement sérieux ?
Je suis toujours profondément perplexe de voir des nord-américains faire intervenir leurs ancêtres [insérer un adjectif] de la 5e ou 6e génération pour venir justifier d’adopter tel ou tel sentier culturel alors qu’ils n’ont pas été élevé dans cette culture là, qu’ils n’ont jamais mis un pied sur le Vieux continent. Pas que cela les intéresse -c’est leur droit le plus strict et vouloir renouer le lien avec son histoire familiale est une chose admirable-, mais qu’ils puissent venir se permettre de dicter comment, à leur avis, qui a le droit de faire ci ou ça, et comment on devrait le faire. Exactement comme quand il semble admissible pour certaines personnes de dire que elles, elles sont légitimes pour pratiquer [XY] mais que les gens de telle voie sont des %@#!!* de faire pareil avec la leur. L’altérité, ca vous parle ?
On en vient à l’épineuse question du : faut-il habiter sur une terre, en être originaire ou a minima y avoir habité pour pratiquer la sorcellerie tradz d’un endroit donné ? J’ai tendance à penser qu’en plus des éléments sus-mentionnés, une quantité d’autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte : on peut avoir des connexions spirituelles avec certaines personnes qui ne font pas forcément directement parties de notre lignée génétique, on peut parfois se retrouver dans une position où un certain nombre d’éléments vont nous pousser dans cette voie, il peut y avoir des initiations, on peut être appelé par un endroit sans aucune connexion visible et constater ensuite qu’un ancêtre y a vécu et que cela soit « assimilé » dans la mémoire de la lignée, bref, je ne vois aucune raison de se limiter de manière formelle à quelques données restreintes et je n’ai pas de réponse toute faite et catégorique à donner. De manière empirique, j’ai pu constater que quand une affaire est sérieuse à ce niveau là, c’est rarement sans raison.

Au niveau de la pratique proprement dite, je doute que la sorcière ou le rebouteux ait eu besoin de grand chose d’autre que des objets de tous les jours. À l’heure actuelle, aller se chercher un bâton en forêt est sans doute devenu une sorte d’aventure qui sort de l’ordinaire, avec tout le salamalec que certains sont capables de faire autour. Dans la société rurale, c’était tout bête : les gens possédaient un bâton pour aller garder les bêtes (au pluriel quand ils étaient assez riches pour cela) : la belle affaire que d’aller se chercher un bâton. Certes, il y avait peut-être un bâton particulier, mais si tout le monde savait qui était la sorcière du coin, on se gardait en général bien d’en parler ouvertement.
Pareil pour les formules, mots de pouvoir et autres. Honnêtement, je me permet de douter qu’il était question d’une grande déesse, sauf si on considère la Vierge Marie. Mais pour avoir lu deux ou trois trucs, au moins dans certaines régions, on ne dérangeait pas « la Vierge Marie », on s’adressait spécifiquement à la Vierge de telle chapelle dans tel endroit et on avait recours à la sainte locale, patronne de la source machin, connue pour soigner le type de maux auquel on avait à faire (en tout cas en terre catholique). Dans la « sorcellerie traditionnelle païenne contemporaine », évidemment, le culte des saint/e/s, ça passe modérément, alors il fallait bien adapter un peu le texte d’origine (qui avait peut-être déjà été adapté d’anciennes litanies.)

Du coup, si les pratiques actuelles ont reformulées les pratiques plus anciennes qui ont elles-mêmes été calquées sur d’autres plus anciennes, alors comment on fait ?
Et bien on regarde ce que l’Église interdisait, par exemple. Et on se détend.
Vouloir singer d’anciennes pratiques alors que clairement, tout ce qui les entouraient n’existe plus  (et qu’il est possible que l’on en ait une vision lacunaire) est sans doute modérément pertinent. En revanche, c’est peut-être une bonne manière pour commencer à se cultiver sur la question, en ne se limitant pas à l’aspect sorcellerie d’une société donnée, mais en essayant d’élargir le champs de ses connaissances à son sujet. Parce que concrètement, on trouve pas mal d’articles visant à faire ci ou ça sur la base d’un rituel/autre que l’on a trouvé dans un bouquin et que la personne adapte en toute bonne foi. Sauf que ça serait pas trop mal d’essayer de comprendre pourquoi ce rituel/autre pour cette occasion / lieu / célébration avant de vouloir faire une transposition. Parfois c’est le cas, parfois pas. Bon, l’important c’est d’essayer. Certes, il vaut mieux une action, même pouvant être améliorée, que rien du tout. Sauf qu’au lieu de qualifier sa pratique de « sorcellerie traditionnelle » / « Sorcellerie des campagnes » et autres, il ne serait pas mal d’accepter que ce n’est qu’une réinterprétation moderne de ce qui a pu existé et qui désormais n’existe plus.

Leurs murmures

River Spirit by Dan Jones

Ce sont leurs murmures qui viennent à moi, dans les situations les plus diverses.

Cette voix qui répète en boucle que je dois être à 15h à la mairie pour déposer un dossier. Et moi qui ait la flemme. Son énervement, palpable, tangible. L’heure qui tourne en boucle. Je renonce à comprendre, je me précipite. Arrivée à la mairie, à l’heure dite, on me dit que ce n’est que sur rendez-vous. Avant d’ajouter avec un sourire que j’ai beaucoup de chance, parce que justement la personne de 15h a annulé, et que je peux prendre sa place

C’est souvent.

Dans les situations sociales, où Ils prennent le relais de mon skill social quasi nul. Me demandant de me taire « NON, TA GUEULE, PAS CA ». Ou me soufflant des réponses.
Je ne sais jamais quoi faire de toutes façons, alors souvent, je les écoute.

C’est une image claire, précise dans ma tête. Et un « fais ça. Maintenant. » Non, mais je vais pas faire ça, c’est incongru. Et l’image d’un renard qui arrive, la gueule écumante. Fais-le, fais-le, fais-le. Maintenant. Go, go, go.
Et moi qui le fait.

White noise. La coupure totale. Quelques instants d’inconscience, de silence absolu, parfait, total.

La fracture.

Ce sont leurs explications. Leurs manières de poser précis des choses que je ne pourraient pas comprendre autrement.
Ce sont leurs voix qui me murmurent, quand je suis assise en silence devant mon autel, n’articulant pas ce qui me tracasse, une possible voie à emprunter. Une manière de faire. Des instructions précises. Auxquelles je ne crois tout d’abord pas. Et puis, comme il faut bien une manière de faire, je fais, me disant que leur(s) méthode(s) en vaut/valent bien d’autres.

Ce sont les rêves dans lesquels ils me parlent, les images et sensations persistantes jusqu’au matin.

La personne qui me souffle de partir vivre en Bretagne. J’y suis allée.
Le Vieux qui m’intime l’ordre de quitter cet endroit où je meurs en silence. Je suis partie. Contre le bon sens commun. Et j’ai bien fait.
Ces rêves qui me poussent finalement à demander si je peux participer à tel événement.

Je ne sais pas si c’est une bonne méthode. Mais il faut bien prendre une décision quant aux chemins à arpenter. Mais il faut bien, parfois, trancher. Et les écouter vaut une autre méthode. Parce qu’au final, tous les calculs sont vains. Ils ne m’ont jamais conseillé de faire quelque chose que ma morale – pour le peu que j’en ai, cette morale archaïque et distordue, en retrait des Normes habituelles- désapprouve.

Alors je les écoute.

Je ne sais pas si je peux dire, si je pourrais dire « écoutez-les ». Je peux seulement dire que c’est ce que je fais. Et que je ne le regrette pas.

Ils m’aident quand je n’ai pas de repères. Me retiennent quand l’agitation du monde me donne envie de hurler. Ils m’ont empêché de faire ou de dire des choses que j’aurais regretté. Ils m’ont poussé à en faire d’autres, qui ont eu un impact certain.

Je pourrais ne pas. Et je ne saurais pas ce qu’aurait été ma vie aujourd’hui. Sans doute plus conforme, sans doute plus terne. Plus confortable. Moins alignée. Ce serait un peu moins ma vie, et un peu plus celle que la Société veut pour moi.

Les Esprits n’arrêtent jamais de parler.
Est-ce que je me demande si je suis folle ? Si c’est dans ma tête ?
Bien sûr que oui.

Mais j’ai rencontré pleins de gens, qui ne le disent pas forcément, qui agissent de même.
Bien sûr qu’on se demande si on prend la bonne décision. Evidemment que l’on se dit parfois que tout ca n’est qu’un murmure de l’inconscient ou une excuse. Surtout quand cela ne correspond pas à ces foutues Normes.

Mais au final, je ne le regrette pas.
Je ne sais pas ce que sera ma vie, mais je sais ce qu’elle est, pour au moins un instant, le temps d’un battement de cœur. Et juste pour cet instant, ma vie vaut la peine d’être vécue dans la peau que je porte. Dans les flots de mon sang. Je suis exactement où je dois être. J’aurais pu être une autre personne. M’éloigner un instant du sentier. Je ne l’ai pas fait.

Ils ont fait changé un nombre incroyable de choses.
Et toutes en valaient la peine. Toutes en valent pleinement la peine.

Je ne dirais pas que c’est toujours facile. Je ne dirais pas que ce chemin là est simple, aisé ou qu’il est compréhensible. Parce que je ne sais pas ce qui m’attend au tournant. Mais vous non plus.

Je n’ai pas de mérite, la seule chose que je fais, c’est de les écouter. Je suis incapable de théoriser, je fais, c’est tout. Il y a des personnes bien plus douées que moi qui seraient capables d’expliquer cela bien mieux que je ne tente de le faire.
Ce n’est pas la seule voie, c’est un fait. Certain(e)s trouveront que c’est bien commode, c’est peut-être le cas. C’est juste ma vie, et je n’oblige personne à être d’accord ou à faire de même.

J’ai juste observé que, malgré les demandes incongrues, malgré les choix délicats, malgré l’incompréhension, quand je les ignore trop longtemps, tout part en vrille. Faites-vos jeux, rien ne va plus. Et qu’il suffit que je change une toute petite chose, que j’écoute une infime demande pour que tout rentre dans l’ordre. Alors au final, je lâche prise.

Peut-être qu’au jour de ma mort, je le regretterai. Peut-être.
Et peut-être pas.

Aujourd’hui, la seule chose que je regrette, c’est de ne pas les avoir écouté plus tôt. Parce qu’ils m’ont conduit sur des sentiers que je n’aurais jamais arpenté autrement, et que ces sentiers valent la rocaille des chemins que l’on prend pour les parcourir.

La nuit, en silence. Le jour, dans le vacarme quotidien. Au milieu d’une conversation. Ils me raccordent.

Je les appelles affectueusement « Ma Brochette ». Histoire de lâcher du lest, de garder une dose d’humour (et de l’humour, ils n’en manquent pas). Ma Brochette. Les Esprits.
Et leurs voix, qui déferlent. Les images, persistantes. Leurs présences, qui m’accompagnent. Leurs murmures, incessant, tenaces. Pas toujours aimables, pas toujours chaleureux, mais perspicaces, toujours.