[Odin Project #10] Odin et Morrigan

Avec le temps, je suis devenue plus sceptique sur le mixage de déités provenant de différents panthéons, pour diverses raisons. Cependant, je comprends que cela puisse avoir du pour beaucoup personnes : il est toujours intéressant d’écouter le parcours de quelqu’un et sa rencontre avec les déités qu’elle honore, ce qui l’a amené au point où elle en est à l’heure actuelle. En revanche, je continue de trouver fascinant l’étude d’autres figures, et de voir parfois des traits communs qui se détachent de deux déités différentes.

Cela fait un moment que je trouve que Morrigan et Odin partagent certains aspects, certaines fonctions (note : d’ailleurs en écrivant l’article, je trouve que l’on pourrait en dire autant pour le parallèle Morrigan / Freyja). En voici un bref aperçu, des pistes d’exploration pour celles et ceux que cela intéresse.
En matière de mythologie celtique (ici plus spécifiquement irlandaise) je dois bien avouer que, si elle m’a longtemps fasciné et que je continue de la trouver très riche et intéressante, je suis loin de la connaître en détails et d’avoir lu autant de livres que je ne le fais pour les mythes nordiques. Le contenu de cet article est donc avec prudence, et n’hésitez pas à me signaler si j’ai dit une énorme bêtise. 😉

La Mort

¤ Au-delà de la mort en tant que telle, croiser ces deux déités n’est pas spécialement « bon signe » dans les mythes. En tout cas elles sont ambivalentes. Dans la Saga de Hrólf Kraki, Odin apparaît et il commence par l’aider, puis suite à une maladresse de Hrólf, il le conduira à la mort. Le même type de schéma se retrouve chez Morrigan avec Cúchulainn. Dans les deux cas, il faut cependant que Hrólf comme Cúchulainn « repousse » la déité qui leur a fait un don.

¤ Voir Morrigan sous sa forme de « lavandière » était un présage de mort (Cúchulainn la croisant sous cette forme sait qu’il va mourir), tandis que chez Odin, le voir purement et simplement peut être un signe de mort : dans le Grímnismál (strophe 53), il dit à Geirröth : « et à présent tu peux voir Odin » (je traduis d’après Andy Orchard, parce que la traduction donnée par Boyer est moins « performative »). Ensuite Geirröth se tue bêtement avec sa propre épée.

La Guerre

¤ Sur le champ de bataille : on dit que Morrigan parcourt les champs de bataille sur son char. Odin n’est pas forcément présent, mais il envoie ses valkyries, et il récupère une partie des guerriers morts (l’autre moitié allant à Freyja, ce qui semble souvent être oublié).

¤ Les deux sont rattachés à la guerre mais j’ai l’impression que dans un cas comme dans l’autre, cette fonction est en fait plus ou moins dérivée. Morrigan pourrait être une déesse rattachée à la guerre plus tardivement et dont la fonction serait surtout celle de la souveraineté. (A vérifier, parce que les théories des spécialistes, je m’en méfie tant que je n’ai pas de vision d’ensemble) Odin est pour moi plus directement un dieu-stratège, pas un dieu-guerrier proprement dit (malgré certains heiti).

¤ Si l’on excepte la théorie mentionnée ci-dessus, on peut faire un rapprochement entre Badd, Cathubodva et certains heiti d’Odin. Tout comme il me semble que les deux possèdent un aspect assez « terrifiant », j’emploie « terrifiant » dans le même sens que le terme anglais « awe ».

Les Esprits / l’Autre-Monde

¤ La présence de corbeaux et de loups dans l’entourage de ces deux déités indiquent un lien avec la mort, le côté psychopompe, les présages.
Morrigan possède un côté psychopompe (voir certains noms comme « Reine Fantôme »), mais ce côté psychopompe ne s’exerce pas directement chez Odin (à relativiser, notamment en raison de la signification de certains de ses heiti), les valkyries jouant pour lui ce rôle, bien qu’il soit indéniablement lié à l’Autre-Monde et aux esprits des morts (« Draugadrótin » : Seigneur des Draugar).

Le côté « prophétie » / « vision »

¤ La prophétie que fait Morrigan dans la Seconde Bataille de Mag Tured (de mémoire). Odin et ses interventions diverses pour collecter des informations et essayer d’agir, la pratique du Seiðr, mais aussi la connaissance des charmes, etc (voir la partie du Hávamál nommée le Ljóðatal). Voir l’aspect poétique : sa signification/fonction dans la société scandinave et dans la société celte ?

Le côté Changeforme

D’un côté Morrigan qui revêt l’aspect de plusieurs animaux dans la Razzia des vaches de Cooley, qui parfois se change en corneille etc.. Dans l’Histoire des rois de Norvège, on dit qu’Odin change aussi de forme. On le voit aussi lorsqu’il part récupérer l’hydromel chez Suttung.

Enfin, presque pour le côté anecdotique, je trouve que aussi bien dans l’étymologie du nom de Morrigan que dans les heiti d’Odin, on retrouve une idée commune : Grande Reine / « Très Haut » etc. Il y a aurait sans doute matière à creuser, en tout cas, c’est un travail que je serais ravie de faire avec une personne connaissant bien la mythologie irlandaise. 🙂

« My Dream » par Yawen Zheng. Ca n’a rien à voir, mais je m’en fous.

[PBP] M – Morrigan

Morrigan est une déesse incroyablement riche et complexe : impossible de la résumer en quelques lignes. Elle est sans doute la première à être venue dans ma pratique, il y a dix ans. Je ne me souviens pas comment elle est arrivée, ni comment je l’ai reconnue, parce que je ne notais rien. Je ne trouvais pas ca important : j’étais trop occupée à remplir mon « livre des ombres » de tables de correspondances, de rituels tout faits et d’autres conneries en fin de compte inutiles.

Lire la suite de « [PBP] M – Morrigan »

Travailler avec les déités guerrières 2/2

(Pour compléter un peu le précédent article sur la question.) Un petit récapitulatif et mes réactions par rapport à ce que j’entends parfois par rapport à ces dieux et ces déessses.

Les déités guerrières sont dangereuses 

Comment dire… non. Pas plus que d’autres. Tout dépend de ce que vous recherchez, de comment vous les approchez, de votre nature, de vos peurs, de votre caractère. Je serais bien en peine de vous dire si oui ou non vous allez vous manger une bonne grosse claque, pour la simple et bonne raison que c’est votre chemin, votre vie. Pas la mienne. Et même pour ma pomme, je ne fais jamais de pronostics de ce style. Je me suis déjà fait claquer des portes au nez, ou superbement ignorée. Il m’est arrivé de me faire jeter ou de me faire tirer les oreilles, mais je n’ai pas le souvenir de m’être fait laminer la tronche par une déité (enfin, si, mais pas dans le sens « expérience atroce »). Et les déités qui m’ont envoyé bouler étaient plutôt considérées comme « claires », alors que d’autres qui sont globalement vues comme craignos se sont toujours montrées plutôt « cool » en fait. Intrinsèquement, ca ne veut pas dire que c’est « mieux » ou « plus mal », je suppose que c’est juste en relation avec mon le genre de personne que je suis, à ce que je porte.

Elles sont quand même très sombres ces déités liées à la guerre, pas vrai ?

Encore une fois, oui et non. Certains vous diront qu’elles ne font pas dans la dentelle : ca n’est pas faux mais j’aurais envie de dire ironiquement qu’on peut être très raffiné en matière de cruauté (toute blague mise à part, elles ne sont pas forcément dures). Bref. Elles comportent une part d’ombre, oui, bien sûr, mais elles portent aussi énormément de lumière, si toutefois ce type de division à un sens, ce dont je ne suis absolument pas certaine. Tout dépend de ce qu’on entend par sombre : si par là vous voulez dire « porteuses de mort », j’ai envie de dire que les déesses de fertilités sont pour moi nettement plus flippantes que les déesses de la guerre. Qu’une chose naisse implique qu’un jour cette chose mourra, et au niveau humain et organique (pour ne prendre qu’un minuscule aspect de la notion de fertilité, qui est bien plus vaste et complexe), l’accouchement était et est toujours un passage risqué où se côtoient la vie et la mort (même si aujourd’hui on essaie de faire croire le contraire avec la médicalisation : j’ai parfois l’impression que les gens voudraient croire qu’avec les techniques actuelles, on peut être à 100% certain que tout se passera absolument bien, et qu’on accepte d’autant plus mal quand ca n’est pas le cas. Il n’y a qu’à voir les réactions et autres commentaires sur des articles qui relatent des incidents à ce niveau là : tous sont choqués et pratiquement scandalisés que ca arrive.) Et pour taper dans le détail historique, à Sparte, les seuls habitants honorés d’un épitaphe sur leurs tombes étaient les morts au combat et les femmes mortes en couches. Alors le raccourci guerre = mort = sombre = danger, on a vite touché le fond.

Morrigan 

La Morrigan est une déesse, certes de mort, certes de la guerre, mais aussi de la Souveraineté, de la terre, du lien entre la terre et le pouvoir, et par analogie moderne, du pouvoir de Soi. Le lien entre Morrigan et la guerre n’est pas seulement une question obsolète et étroite de batailles et de carnage, il est aussi la capacité de reprendre le contrôle de sa vie, de trouver la force en soi pour affronter des périodes difficiles, pour établir clairement des barrières pour ne pas se laisser dévorer par une puissance hostile ou un danger. La force guerrière de la Morrigan, ce n’est pas seulement une furie chargeant sur son char à travers le champs de bataille, c’est aussi la personne (homme ou femme) qui dit « non, c’est non ». Non, je ne te rendrais pas service pour me sentir gentille et conforme alors que tu me prends pour une andouille. Non, vous n’avez pas à vous servir de votre statut de supérieur hiérarchique pour faire des plaisanteries déplacées à mon encontre. Non, vous n’avez pas l’autorisation de décider pour moi. Oui, je vais me battre parce que j’estime que la situation présente est une injustice (pour moi ou pour d’autres).

Andraste

Andraste est plus particulièrement la déesse du carnage. Un exemple : en situation d’agression, l’énergie d’Andraste, on pourrait dire que c’est le déclic qui se produit chez la personne agressée et qui va la pousser à réagir, à ne pas se laisser « mettre en boîte » par les conditionnements sociaux ou les règles telles que « on ne frappe pas ».
C’est le moment où on va se mettre à appliquer sur le terrain des cours d’auto-défense pour sauver son intégrité physique, sans être bloqué(e).
Je sais que cela peut paraître un détail, mais quand on lit certains récits d’agression -plus souvent dans le cas d’agressions sexuelles (j’avais lu il y a quelques années une étude sur les victimes de viols et d’agressions sexuelles) il me semble- les réactions des autres sont souvent de l’ordre du « mais pourquoi elle/il (bien que plus rarement) n’a pas réagi ? » Parce que la personne est paralysée,  tétanisée, incapable d’évaluer la situation et parce qu’elle est la plupart du temps profondément modelée par des codes sociaux, et qu’il suffit qu’une situation sorte de l’ordinaire pour faire déconner tout le système, ayant pour résultat que la personne ne parvient pas à réagir, et qu’ensuite, il s’avère malheureusement fréquent qu’on lui demande « mais pourquoi… » ou encore pire « si elle/il n’a pas réagi, c’est qu’elle/il l’a cherché » etc.

Elles me font peur

C’est un truc que je lis souvent, parce que la déité en question se pointe pour que vous bossiez avec (rarement pour un travail volontaire). Demandez vous ce qui vous fait peur chez ces déités. Pas « pourquoi », « quoi ». Qu’est-ce qui vous effraie : est-ce que vous avez peur de vous faire ramasser la tronche avec une bêche ? Peur de regarder en face la part tortueuse de vous-même ? Peur de ne pas y arriver ? Peur de perdre le contrôle ? Peur parce que l’inconnu vous effraie et que toutes les informations que vous pouvez lire à ce sujet vous disent « oh non c’est pas bien c’est dangeureux il ne faut pas ? » A partir de là, si vous êtes honnête avec vous même, vous verrez bien ce qui coince.
En ce qui concerne le fait de se faire ramasser, sincèrement, si vous faites le tour des questions, de vos peurs, de vos problèmes sans vous voiler la face, au moins vous aurez moins de risques de tomber sur une mine antipersonnelle bien planquée. Eventuellement, entreprenez un travail sur vous même avant de démarrer le processus. Après le reste, rien n’est jamais garanti.
Sur la peur de regarder la face « sombre » de vous-même : bah honnêtement, si vous avez déjà peur de voir vos emmerdes, vos blessures et votre chemin, ca peut dégoupiller assez brusquement le tas d’ordures planquées. Et oui, quand on bosse avec elles -mais c’est le cas avec toutes les déitéis quelque part- vous pouvez potentiellement vous retrouvez avec la tête bien enfoncée dans le tas de merde que vous planquiez au fond du jardin. Après, ca n’est pas sans raisons : vous voulez progresser ou continuer à faire semblant en laissant la merde s’accumuler ? Ca n’est pas agréable sur le coup, et même si parfois ce qu’on révèle au grand jour est quelque chose de très positif que l’on fuyait pour ne pas le reconnaître, sur le coup, oui, l’orgueil en prend en coup. On n’en meurt pas, bien au contraire. Vous êtes grand(e)s non ?

 

[PBP] G – La couleur de nos guerres / Travailler avec les déités guerrières 1/2

(1/2 la suite ici)

Je ne sais pas pourquoi nous en venons à emprunter les chemins qui deviennent les nôtres. Je ne sais pas ce que nous recherchons (in)consciemment. Certains disent que c’est pour se guérir. D’autres parce que nous sommes appelés. Pour certains c’est parce que nous ne nous trouvons nul part ailleurs. Il y a peut-être du vrai dans tout, ou alors c’est autre chose, je ne sais pas. Le « pourquoi » ne m’intéresse pas, ni pour interroger le passé ni pour sonder le futur. Je préfère « comment ».

Je ne sais donc pas pourquoi. Mais je me souviens de comment. Au début du comment, j’ai le souvenir d’un chaos épouvantable, de la peur constante de l’abandon. Et au milieu de ce merdier innommable, j’ai le souvenir de la première déesse qui m’a guidée. Et avant qu’elle ait portée un nom, qu’elle ait eu pour moi un visage, j’ai le souvenir de la colère qui m’a poussée à avancer, encore et encore. J’ai le souvenir de Morrigan, la première à être venue, même si ironiquement, je n’ai pas gardé de souvenir précis de son arrivée. J’ai le souvenir de sa force, de sa rage, de son énergie, de sa puissance et de son amour qui étaient là quand absolument rien d’autre n’était certain. J’étais petite à l’époque, et seulement adolescente quand elle a pris un nom et que son existence est devenue quelque chose auquel me raccrocher désespérément.
On me parlait de lumière et de guérison, mais quand vous êtes dans le noir en train de patauger sans même une lanterne, la lumière est une idée abstraite, et la guérison un concept qui vous fait rire jaune, parce que vous n’avez pas la possibilité de vous poser dans un abri pour panser vos blessures. Et de fait, quand j’ai approché les déités lumineuses, je me suis fait rembarrée de partout. Aucune ne venait, aucune n’est jamais venue. Et encore aujourd’hui, ce n’est que tout récemment que la première est venue spontanément à moi, alors que je ne m’y attendais pas. Je ne compte pas le nombre de tentative que j’ai fait pour approcher Freya, et le nombre de portes dans la tronche que je me suis prises.

Je serai bien en pleine de dire de quelle manière « les gens » perçoivent les déités de la guerre ou du carnage (ou les aspects particuliers de ces déités qui sont relatifs à la guerre disons) -sans même parler des déités « sombres »-, parce que je ne suis pas dans leurs têtes ni dans leurs pratiques ni dans leurs expériences. En revanche, je peux essayer d’expliquer comment je les perçois.

Elles peuvent sembler toutes identiques, liées à la mort et à la bataille. Mais elles possèdent toutes des caractéristiques, des énergies différentes et au contraire, loin d’être redondant, travailler avec plusieurs déités de ce type peut justement, à mon avis, aboutir à un travail très complet et s’avérer extrêmement enrichissant et bénéfique. Andraste n’est pas porteuse de la même énergie que Morrigan et encore moins la même que Sekhmet. Certaines de ces déités nous incitent à plonger pleinement dans la bataille, à prendre notre vie à bras le corps et à sortir la tête du remugle. D’autres agissent plus dans l’ombre, comme Odin. On le décrit souvent comme un dieu de la guerre, mais plus que l’aspect « combattant en première ligne », je le vois comme un stratège qui nous enseigne quand lâcher prise ou ce que nous pouvons considérer comme « sacrifice acceptable » et faire avec, comment travailler sur certaines de nos difficultés et nos problèmes pour mieux surmonter une période difficile.

Je ne pense pas être un cas particulier, mais pour ma part, plus on me montre des modèles lumineux, pleins de compassion, d’amour et de mansuétudes, moins je me sens connectée et apte à ressentir ce genre de sentiment. Les déités guerrières ne sont pas liées non seulement à la bataille et à la guerre. Elles sont aussi liées aux sentiments les plus noirs en nous, à ce que nous rejetons le plus et que nous nous interdisons de ressentir ou d’éprouver, par peur que ces sentiments nous contrôlent et parce qu’ils ne sont pas socialement acceptables : la vengeance, la rancune, la haine, la violence, la pulsion de meurtre, la colère, l’envie, la volonté de vaincre, la soif de pouvoir… la liste est longue et j’ai l’impression que ces sentiments sont encore plus taboues dans les « communautés païennes » où tout le monde semble parfois pétrie de bon sentiment et de gentillesse, pour mieux refouler le monstre plus loin sous la terre.
[Edit du 4/5/2013 : non les déités guerrières ne sont pas QUE ca. Et non la guerre n’est pas QUE ca non plus. Je m’arrête simplement sur les aspects que beaucoup semble redouter. Il va de soit qu’elles ont aussi une part « lumineuse » (et fuck, j’en ai ma claque de devoir poser ca en terme de dichotomie à la con, mais faute d’une meilleure image hein…)]

En quelques sortes, travailler avec elles nous place parfois dans des situations où nous ressentons ce genre de sentiments, et elles nous permettent de les reconnaître, d’en avoir pleinement conscience. Elles ne les canalisent pas, mais ce qui nous attends sur le chemin se pose souvent dans une dichotomie ironique ; accepter de les éprouver et soit de se laisser ronger par eux, soit de les dépasser pour accepter le monstre en nous. Accepter notre part d’ombre pour faire rejaillir plus clairement la lumière et accepter nos choix pour ensuite faire la paix avec eux, comme une sorte de processus de guérison. Je ne pense pas que ces sentiments disparaissent totalement. Parfois, certaines circonstances viennent douloureusement nous rappeler les moments les plus noirs de notre vie, et on constate que l’on a pas oublié, que l’on oubliera jamais. Et que l’on ne sera sans doute jamais capable de pardonner -si tant est que l’on en ait l’envie- mais au moins ils cessent de nous ronger lentement comme une maladie honteuse que l’on s’emploie à dissimuler à nous-même et à autrui.