[SYLPHE] Dans les poches d’un Sorciéron…

Je suis un sorciéron indiscipliné-ciéron. Comprendre par là que généralement, mes affaires sont toutes en vrac dans mon sac ordinaire. Mis à part un « crane bag » qui regroupe des éléments en lien avec certains esprits et/où un taf particulier en cours (contenu que je ne montre pas, sauf rares exceptions), le reste de mon « matos » se trouve pêle-mêle avec mes affaires ordinaires, ce qui génère des « Et meeeerde, j’ai perdu mon pass Navigo ! » (phrase récurrente, suivie de quelques minutes de recherches fiévreuses avant de découvrir que non, il est soigneusement rangé, pour ne pas le perdre, dans la poche du sac de mon tambour, pour la plus grande exaspération de mes coreligionnaires… Pardon les gars.) « Merde, je sais plus ce que j’ai foutu de mon flacon d’ocre ! » Au fur et à mesure de mes pérégrinations, j’accumule toutes sortes de trouvailles dans mon sac : mousse, petits os, cailloux etc. Du coup, quand j’arrive au travail le lundi matin, c’est toujours un joyeux bordel entre mes affaires regular, et la boussole / cran d’arrêt / allume-feux / encens.

Le matos le plus important, celui à avoir toujours sur soi, c’est à mes yeux plutôt du matériel « de bon sens » : boussole, couteau, allume-feux, cordelette. Suivant mes déplacements, j’y ajoute une lampe frontale, une lacrymo, une trousse à pharmacie -avec couverture de survie, pince à tiques, par exemple. Parce que si vous vous savez que vous êtes en accord avec les énergies bienveillantes de la Terre-Mère (sarcasme), les tiques, elles, ne sont pas au courant, et que la maladie de Lyme, c’est de la merde.

Finalement, après le mois d’août passé à courir après mes affaires, j’ai utilisé un reste de laine qui m’avait servi pour un autre projet pour crafter un pochon un peu plus grand histoire de rassembler mon merdier (ou au moins essayer). J’avais déjà un pochon pour mes runes que j’avais acheté chez Claire, mais celui là, il était important que je le fabrique moi-même. La bête a été fabriquée avec de la laine de base et de la fat über laine des Ateliers de l’Awen qui déchire sa race (celle qui est bleue/jaune/verte etc).

Le pendentif date d’il y a 10 ans. Je l’avais acheté quand je faisais ma prépa en Bretagne. J’avais fait un rêve où je portais un médaillon avant de tomber sur celui là dans une boutique, l’exacte reproduction de celui que je portais dans mon rêve. (Y’avait un mec tout chelou genre habillé à la scandinave qui me disait « on ne tue pas les porteurs de ce signe, en désignant mon médaillon. J’avais trouvé ça marrant.)
Je vais tâche de me discipliner et de mettre toutes mes affaires au même endroit. Dont ma « pierre de foyer » et mes perles de prières. La pierre de foyer c’était un délire de l’époque où je jouais à World of Warcraft, elle sert à revenir « chez soi », et j’en avais faite une en pâte fimo et je l’utilisais dans le cadre de certaines de mes pratiques. C’est toujours plus ou moins le cas. (Perte de crédibilité : 50 points à votre réputation). Quant aux perles, j’ai beau en fabriquer des très belles en pierre, je préfère utiliser celles en bois, toutes bêtes, pour la simple et bonne raison qu’elles me servent pour tout le monde, et que je les trimballe en toutes circonstances, y compris au lit. Autant qu’elles ne soient pas fragile, mon matos ayant intérêt à être tout terrain.
S »y ajoutent toutes sortes de merdier. J’avais au départ brodée une pochette pour les rêves, mais en fait, je m’en sers davantage pour ranger plantes et encens. J’ai pas assez de discipline pour avoir des pochettes pour chaque pratique, des carnets pour tel ou tel type de récit, des colliers réservés à ci ou à mi. Pareil pour le couteau, par sa lame courbe, il sert surtout à couper les plantes etc, mais en fait, j’ai souvent uniquement le Muela offert par mon père, qui avait la manie de m’offrir des couteaux de là où il allait en voyage. Parfois je rajoute un canif etc. Un jour je vais me faire contrôler par un flic et j’aurai des ennuis. L’encens c’est bien pratique, mais j’avoue que j’en ai rarement spontanément sur moi.

(And now you shall see Odin)

Parmi les bricoles que je mets dedans, des baumes, des os, des trucs ramassés sur le bord des chemins (plus mes poches, souvent pleines de détritus que je ramasse quand je suis en forêt ou sur la plage. Parfois, contribuer à nettoyer un peu l’endroit de la saleté déposée par les humains, c’est les meilleurs offrandes. Il n’y a pas forcément besoin d’avoir toutes sortes de trucs sophistiqués. D’autant que certains Esprits des Lieux n’aiment pas trop qu’une personne surgit de nulle part se mette à faire des offrandes spontanées etc.) Avoir un ou deux cathéter c’est pratique quand on doit prendre du sang, c’est plus simple et plus « sécuritaire » que les couteaux. Généralement j’en ai deux, cela permet d’en passer un à quelqu’un si besoin. Evidemment, ils sont à jeter après usage : on n’utilise pas de cathéter déjà utilisé (sauf si on le garde strictement pour soi) si on les passe à quelqu’un d’autre. On remet la canule après usage et on le jette. (Risques HIV / hépatites, toussa… Je sais je suis reloue avec ça, mais malheureusement, c’est une donnée qui tend à être de plus en plus zappée à l’heure actuelle.)

Et sinon, des huiles / baumes / onguents de fabrication perso. De l’ocre et autres. (PAs tout en même temps, c’est suivant les périodes, l’inspiration et les nécessités du moment…)

sylphe4

Oberourien ar speredoù : travailler avec les Esprits

Les Spirit Workers du XXIe en mode commando. Ah bon, ce n’est pas ça ?
Les Spirit Workers du XXIe en mode commando. Ah bon, ce n’est pas ça ?

Ces dernières années, le fait de travailler avec les Esprits est devenu, sinon plus populaire, du moins nettement plus flagrant et exprimé, alors que c’était auparavant une pratique beaucoup plus silencieuse, et qui ne possédait pas nécessairement d’étiquette spécifique pour la qualifier. Avec l’influence grandissante d’un certain nombre de blogs anglo-saxons, le terme de « spirit-working » (travail avec les Esprits) est devenu courant, y compris dans le monde francophone.
Un soir d’août, pendant une sympathique discussion en bonne compagnie, pour rire, nous avons cherché une alternative à la dénomination anglaise de « spirit-worker » (parce que merde à l’hégémonie des ricains), et comme deux d’entre nous parlaient breton, les termes ont été cherchés dans cette langue. Littéralement, « oberourien ar speredoù » désignent les « ouvriers des Esprits ». Dans La légende de la Mort, Anatole Le Braz mentionne que l’Ankou est appelé l’ouvrier de la mort (oberour ar maro). Voilà pour la petite histoire (parce que tout est pour la Bête et pour le swag).

Concrètement, voici une petite introduction au travail avec les Esprits. Introduction qui ne se prétend nullement exhaustive, juste histoire de débroussailler un peu et d’éviter les potentiels foirages monumentaux.

1. Les Esprits ne sont pas vos potes. En tout cas pas au début. Si vous avez certains intérêts en jeu, gardez toujours à l’esprit (haha) que c’est aussi leur cas. Que tout marche sur le principe du donnant-donnant, et que rien n’est gratuit. Comme dans le monde physique, une bonne dose de pragmatisme et de bon sens est foutrement plus que recommandée. Si une proposition vous paraît trop belle pour être vraie, c’est probablement qu’il y a une couille quelque part.

2. Si vous réussissez toujours à faire absolument tout ce que vous voulez, s’ils vous acceptent tous du premier coup, sont sympas et mignons, si tout marche toujours comme sur des roulettes et si vous ne rencontrez jamais aucun obstacle, et qu’il n’y a aucune obligation en retour, alors il y a de fortes chances que : a) ce soit dans votre tête. b) que vous soyez en train de vous faire enfler de manière magistrale.

3. Vous avez envie de bosser avec Eux ? Vous avez vraiment envie de bosser avec Eux ? Ok. Réflechissez bien. Parce que quand le processus sera vraiment entamé, il y a 90% de chances pour qu’à un moment où à un autre, vous ayez envie de vous rouler en boule en position foetale en pleurnichant sur votre désir de retrouver (ou d’avoir) une vie normale. Sauf que, error 404, on ne revient PAS en arrière. Ce n’est pas un jeu de PS4 que l’on met en pause. Ce sera tout le temps, avec des périodes d’intensités variables, des hauts et des bas. Commencer le boulot avec Eux, c’est comme devenir parent : c’est à vie. (Et sans parler de la garde alternée).

4. Entre être un peu trop prudent et se montrer trop laxiste, il est préférable de se montrer un peu trop prudent (sauf circonstances vraiment extrêmes, urgentes etc). Une des modes actuelles c’est de penser-merci les bouquins de wicca 101 et les conneries New Age- que « tous les arbres sont nos amis et veulent bien nous donner de l’énergie » ou de considérer que le travail avec les Esprits, c’est un loisir du dimanche que l’on peut s’accorder quand notre vie est un peu morne et que l’on a du temps libre. Bullshit. Soit vous bossez avec Eux, soit vous ne bossez pas avec Eux. Si vous avez le loisir de pouvoir mettre sur ‘pause’ quand ca vous arrange vous, alors vous ne pratiquez pas, vous faites mumuse. Allez faire du scrapbooking à la place.

5. Il est possible d’entrer en contact avec un certain nombre d’Esprits. Les types d’Esprits (des lieux, plantes, animaux etc) varient suivant les lieux où l’on habite, les personnes, etc. Mais il y a un monde entre percevoir un Esprit une fois, parvenir à communiquer avec lui, conclure un bref échange et en faire réellement un Allié. Dans un certain nombre de littérature, il est par exemple fait mention du parallèle entre la puissance d’un chaman et le nombre de ses Alliés. Avoir un Allié, c’est comme avoir un ami proche. Cela demande du temps, des interactions spécifiques, mais aussi -ce qui est moins souvent dit- des buts et des « procédures » communes.

Pinelopi Vassilaki

6. Encore un postulat politiquement incorrect dans notre société où tout le monde devrait pouvoir tout faire quand et parce qu’il en a envie : non, ce n’est parce que tel ou tel Esprit vous fait kiffer votre mère ou parce que c’est marrant vous avez pleins d’images de lui dans votre piaule qu’il en aura forcément quelque chose à carrer de votre gueule.
Et non ils ne sont pas tous gentils, prêt à vous rendre service et à vous accueillir les bras ouverts parce que vous allez une fois par mois en ballade dans la forêt avec une jolie robe et un panier en osier, une pierre de lune autour du cou. Au passage, j’aimerai un jour voir qui a les couilles d’aller de nuit dans une forêt. Qui avoue s’être pris une flipette de tous les diables. Qui y va avec un couteau de chasse dans le treillis. De mémoire, je me souviens d’une seule et unique personne (je ne citerai pas le pseudo par discrétion, mais je m’en rappelle très bien) qui a avoué un truc du genre sur son blog, une rencontre nocturne avec un blaireau. Et 7 ans après, je pense toujours la même chose : « putain, une qui pratique pas pour le décorum. » Respect Meuf.

7. Avant de conclure le moindre accord, demandez-vous ce que vous attendez réellement de cet accord. Non seulement aujourd’hui, mais aussi demain, et dans le futur. Examinez en soigneusement les termes. Pesez avec attention ce que vous êtes prêts à offrir. Posez vous également la question de savoir pour quelles raisons l’Esprit est prêt à conclure cet accord avec vous. Qu’est-ce que cela lui apporte à lui ? Est-ce que cet accord peut être renégociable ? En bref, comme avec les banques et les assurances, faites gaffe AVANT.

8. Faites attention aux offrandes que vous leurs faites. Il est parfaitement acceptable, voire même recommandable de leurs offrir des denrées alimentaires telles que spiritueux et alcools divers, lait & miel, encens. Par contre, en ce qui concerne les offrandes d’objets qui vous appartiennent, et encore plus, des éléments organiques (cheveux, sang, sperme, etc), faites particulièrement attention. Ce n’est pas pour rien que ce sont des « matériaux de bases » dans la magie traditionnelle : ce sont les plus puissants vecteurs de votre essence. Les éléments organiques ne devraient, à mon avis, jamais au grand jamais offert à des esprits de passage. Vous n’allez pas copuler avec un ou une inconnu(e) sans utiliser de préservatif, pas si vous avez deux sous de bon sens, n’est-ce pas ? Eh bien c’est pareil avec les Esprits. Les offrandes de ce type peuvent se faire avec des Esprits qui sont devenus des Alliés. Sinon, vous pouvez toujours faire le guignol, quand vous enchaînerez les merdes allant des douilles de santé cheloues aux obligations toujours grandissantes etc, vous ne viendrez pas pleurer. C’est Darwin qui sera content.

9. Il y a des Esprits (presque) partout. En ville. A la campagne. Dans les cimetières. Les catacombes. Les carrières. Les chemins. Les parcs. Les greniers. Les jardins. Les haies. Les grottes. Les montagnes. Les sources. Les Cairn. Les dunes. Les écoles. Les plages. La mer. Les calanques. Les volcans. Les caves des immeubles haussmanniens. Etc. On ne les perçoit pas forcément tous tout le temps et partout. Certains peuvent se montrer cool avec vous et pas avec vos amis. Et vice-versa.

10. Les Esprits sont, dans la majorité des cas, plus balèzes et possèdent un aperçu des choses plus larges que nous. Par contre, leur champ d’actions peut se trouver plus ou moins limité suivant leur nature. Et ils ne sont pas forcément au fait des modus operandi contemporains. Ceci peut parfois s’avérer dangereux ou délicat dans certains contextes, mais peut aussi être un formidable avantage dans d’autres circonstances extrêmes quand on est obligé de se montrer plus retors qu’eux.

11. Soyez conscient de vos forces et de vos faiblesses. De vos désirs. Surtout les plus refoulés. De vos mécanismes internes. De la cohésion ou des dissidences au sein d’un groupe si groupe il y a. Parce qu’Ils jouent dessus plus souvent qu’on ne pourrait le penser. Plus vous vous connaissez, moins vous risquez de vous retrouver en bad ou stupidement appâtable. Pareil, prenez conscience de vos limites, de ce que vous êtes prêts à sacrifier, et de votre « stock intouchable ». Et ne dites jamais tout.

12. En guise de conclusion, on peut considérer qu’il n’est pas inutile de se constituer une base de données stratégiques avant tout deal, qu’il soit prévisible ou non. Pour ce faire, lisez/regardez des films : des articles par-ci par là, des contes, des légendes, les mythes, le folklore mais aussi des stratèges, de la fantasy, de la poésie, des romans noirs. Parfois, des films comme la série des Die Hard ou The Expendables peut comporter une petite pépite de quelques dixièmes de secondes qui sera utilisable un jour. Cela peut prêter à sourire, mais ce type de films comporte deux paramètres potentiellement très exploitables et utiles : un humour plus ou moins cynique / lolesque  etc et un effet de surprise : si un Esprit a sans doute déjà été confronté aux trucs des légendes anciennes (qu’il est néanmoins bon de connaître, parce que, oui, ca marche), il y a moins de chance qu’il soit au fait de certains tour de passe passe d’un film d’action avec Bruce Willis. Même si ca peut paraître ridicule. Le ridicule ne tue pas, mais parfois, il sauve.

[PBP] S – Le Sang

Auteur inconnu

Le sang n’est pas seulement un fluide vital transportant les nutriments et alimentant notre organisme en oxygène. Il est aussi un vecteur énergétique extrêmement puissant dans certains rituels.

La plupart du temps, quand il est fait mention du sang dans les rituels modernes, il s’agit de sang menstruel, parce qu’il ne faut « blesser personne » etc.
Personnellement, je ne l’utilise pas. Non pas que je dénie sa puissance ou quoi, simplement cela ne me parle pas. Premièrement, histoire de chipoter, ce n’est pas réellement du sang, mais des cellules mortes provenant de l’endomètre. J’ai pratiqué un temps, il y a quelques années, avec le sang menstruel, l’énergie des lunes rouges etc, mais ce n’est pas mon truc, ca me gave et les déités avec qui je pratique la plupart du temps n’en ont pas grand chose à secouer du sang menstruel. Ce sont des cellules mortes, et la notion de sacrifice ou de don par le biais de quelque chose de mort, comment dire… La première fois que j’ai fais une offrande de sang, c’était il y a bientôt 10 ans. J’étais partie cueillir des épines de prunellier, et j’avais demandé à l’arbre quelle offrande elle souhaitait. La réponse m’avait horrifié alors : « mais comment ? Mais elle ne peut pas me demander du sang, etc. » Je me souviens avoir glissé en voulant repartir, et m’être blessée sur les épines d’une branche, d’avoir saigné. « Ce n’est pas plus compliqué que ça » avais-je entendu.

Il m’arrive d’employer du sang, notamment pour consacrer certaines huiles ou pour activer certains outils. Je réserve à cet effet un cathéter et je me pique simplement sur un doigt ou la main. Plus facile qu’avec une aiguille ou un couteau, plus hygiénique aussi. Il m’est aussi arrivée de me consacrer à une certaine déité en utilisant mon sang, pour sceller l’accord. Dans ces conditions, je suis sceptique quand j’entend ou que je lis que l’on peut se « détacher » d’un accord ou d’un serment. Les pactes qui incluent du sang ne sont pas anodins et quant à les révoquer, euh, on peut revenir dessus, mais je ne crois pas que l’on puisse les effacer. Il vaut mieux réfléchir avant, au risque de se retrouver dans des situations inextricables, mais j’ai parfois la sensation que « irrévocable » est un mot qui n’a plus de sens aujourd’hui. Même et surtout concernant les pactes de sang que l’on fait à l’adolescence ou dans l’enfance, parce que ca fait « sérieux » ou que l’on a vu ca dans un film. Malheureusement, si on nous prévient des maladies que l’on peut contracter, personne ne préviens des conséquences que ce type d’accords peut avoir. Les maladies que l’on peut attraper ne sont pas uniquement physiologiques : avec l’échange de sang, je crois profondément que l’on lie sa chance, sa malchance et certains « bagages ». Je crois que c’est en Chine, on disait que si mari et femme mélangeaient leurs sangs dans un bol, ils ne pouvaient pas se mêler, parce qu’ils n’étaient pas de la même « essence », alors que celui d’une mère et son enfant, par exemple, le pouvait. (A voir, j’ai du lire cela quand j’avais 15 ans. ^^’ )

Je me demande d’ailleurs ce qu’il en est au niveau des transfusions sanguines : on peut se retrouver à être lié à une personne ou à une lignée que l’on ne connaît pas, mais cela fait partie des sujets que personne n’aborde jamais. Je suppose que si une personne disait qu’elle refuse de donner son sang pour ce type de raison ou qu’elle est prête à risquer sa vie plutôt que de se retrouver avec des liens provenant de lignées pourries ou avec toutes sortes de conséquences sur le dos, ce n’est pas politiquement correcte. Cela ferait hurler pas mal de mondes, et elle se ferait vite taxer de débiles superstitieux ou de connards égoïstes, ou alors on lui dirait « mais non tu n’as rien compris ». Ou on dirait qu’elle ne sait pas ce que c’est, la mort et qu’elle changerait d’avis. (Quant à moi je n’en sais rien, je n’ai pas de réponses et cela fait partie des questions que je me pose parfois. Donner mon sang n’étant de toutes façons pas possibles pour diverses raisons).
Dans le même ordre d’idée, je suppose que les personnes qui travaillent avec leurs ancêtres peuvent considérer les personnes qui ont donner leurs organes ou leur sang si elles connaissent des gens dans leur entourage qui sont dans ce cas là, si elles l’ont été. C’est typiquement un cas de configuration assez nouveau, qui n’existaient pas il y a simplement une centaine d’années (les premières transfusions sanguines telles qu’on les connait ont eu lieu au début du XXe siècle).

Je me demande parfois si le fait que certaines personnes tournent facilement de l’œil à la vue du sang ne relève pas d’une réaction énergétique, en plus du reste. Le sang pulse énormément, et il ne me paraît pas inconcevable que certains « déconnectent » en cas d’afflux trop brusque d’énergies, un peu comme des plombs qui sautent.

[PBP] O – Une réflexion sur les offrandes alimentaires

Le biscuit offert à la fin d’un rituel. La lampée d’alcool versée au fond d’un bol.

Qu’est-ce qui est important ? Quelle est son essence ?

Les offrandes alimentaires, si elles me semblent être de loin les plus courantes, sont aussi les plus faciles à faire dans notre société, celle qui demandent le moins d’effort à la majorité d’entre nous. Après tout un verre d’eau est une offrande valable : quelle valeur a ce verre d’eau quand nous avons la chance d’ouvrir le robinet pour la voir se déverser à flot dans l’évier, fraîche et potable (enfin, à priori ^^’).

© Kimberly Slipchuk

À première vue, on peut légitimement se demander quelle pertinence y a t-il à offrir de la nourriture alors que dans les sociétés occidentales du XXIe siècle, nous sommes majoritairement privilégiés par rapport à tout un pan de la population mondiale. C’est à la fois vrai et faux, en tout cas, pour moi, à nuancer. D’abord parce que si nous ne sommes pas au Sahel, la question de la diversité alimentaire et de l’abondance matérielle se pose différemment suivant les foyers. Dans certains foyers, les fruits et les légumes sont un luxe. Même si nous vivons dans un pays développé et industrialisé, tout le monde ne roule pas sur l’or -et loin de là- et beaucoup d’entre nous sont dans des situations où ils doivent faire attention, y compris sur le plan alimentaire. Poser l’équation simpliste « occidentaux = aisés = l’offrande alimentaire n’est pas réellement une offrande dans la mesure où elle n’implique pas un réel don » me paraît presque insultante : elle balaie toute nuance, toute reconnaissance des limitations, voire des privations, matérielles que certains connaissent. Et si on creusait la question, je pense que nous serions étonné de voir combien d’entre nous ont connu, connaissent, ou connaîtrons malheureusement ces périodes.

La ‘nature’ de l’offrande alimentaire

Ensuite, sur un autre plan, si l’on considère plus en avant la nature de l’offrande alimentaire, on pourrait les diviser en deux : les offrandes « simples » qui ne demandent pas de préparation de la part du Donneur. Offrir une lampée de whisky, aussi bon soit-il, ne demande -sauf exception- que l’achat et l’ouverture de la bouteille. A contrario, offrir une tranche de pain que l’on a cuit soi-même revêt une toute autre importance. Encore une fois, les généralisations et raccourcis me paraissent malaisés parce qu’on peut vite arriver à une sorte de hiérarchisation du don, alors que je ne pense pas qu’un individu X soit en position de juger de la dévotion, de la relation et de la pratique d’un individu Y.

On pourrait dire que dans une offrande alimentaire, la nature du don peut être perçue suivant deux axes : l’axe du don simple, factuel : j’offre une lampée d’alcool, un biscuit, etc. Et suivant un axe de « participation personnelle » : j’offre une tranche de pain que j’ai pétri et cuit moi-même. La notion de « moyens » n’est pas uniquement financière, elle est aussi temporelle. Si certains ont des limites matérielles assez drastiques, d’autres devront faire face à des limites « temporelles » tout aussi délicates, pour diverses raisons. L’importance et la nature d’une offrande n’est donc pas uniquement dans la nature de ce que l’on dépose dans le bol, mais aussi dans le processus qui a amené sa réalisation éventuelle.
Certains objecteront que « quand on n’a pas le temps, on n’a qu’à le prendre » : « yakafokon ». Là aussi c’est toujours facile de dispenser des avis péremptoires à l’emporte-pièce, en culpabilisant la personne, parfois de manière extrêmement passive-agressive. Vous ne savez pas ce que les gens vivent, comment ils vivent.

L’absurdité de la notion de privation 

Ensuite, je m’interroge souvent sur cette notion implicite de « privation » dans le fait d’offrir. Je me demande si c’est réellement pertinent ou si ce n’est pas un implicite judéo-chrétien. Davantage qu’un substrat matériel, la notion réellement importance me semble être celle du partage : la matérialisation de la reconnaissance des Déités (ou suivant votre façon de considérer les choses) et de leurs importances dans notre vie. La petite part de gâteau déposée dans le bol n’est plus seulement une part de gâteau ou l’expression du « je me prive pour ci ou ca », elle devient l’expression du « nous partageons un moment ensemble, et le Visible comme le Non-visible font tout deux parties intégrantes de ma vie. »
Le temps pris par une personne pour cuisiner quelque chose pour les habitants du foyer, ou pour les invités peut alors être aussi vu comme un temps de dévotion : comme reconnaissance de ses besoins personnels et de son bien-être, de sa santé, comme dévotion au clan -peu importe combien de personnes le composent-, comme reconnaissance de la joie et de l’hospitalité (là encore, aussi bien pour les invités que pour les « résidents permanents d’une maisonnée ») et comme dévotion envers les déités, esprits, ancêtres qui font partie de la maison. Dans cette optique là, la notion de « privation pour offrir aux Déités » m’apparaît comme un contresens absolu.

Aliments & circonstances

Le seul aspect qui pourrait à l’extrême limite se rapprocher de cette idée, et encore de très loin, c’est la consommation de certains aliments uniquement dans un certain cadre rituel ou de célébration. On peut choisir de garder tel type de boisson (par exemple) pour ce type de moment, ou alors d’en faire une « production maison » réservée pour ces occasions.

Personnellement, il y a un alcool spécifique que je réserve pour des moments  particuliers, pas toujours directement rituels d’ailleurs, mais aussi pour certains anniversaires, certaines réunions spécifiques, parce que c’est un moment de partage et de célébration que je considère comme à part.  Je ne considère pas que c’est une privation, bien que j’adore la boisson en question (quoiqu’elle ne soit pas vitale pour ma santé XD), ca fait partie des offrandes à une déité précise et je n’ai pas envie de la sortir trop de certains cadres (vous sentez l’acidité qui revient ? C’est mon côte relou). Un jour j’en testerai la fabrication maison : à part le nettoyage de ma cuisine et de franches rigolades, je ne sais pas ce que ca promet mais j’aimerais essayer. 🙂