L’Ancien et le Nouveau

Histoire d’un renoncement et d’un recommencement

tumblr_mg4fofA9701r3wk1zo1_1280Il y a une dizaine d’années, j’avais la possibilité d’avoir une pratique “de luxe”, et je ne mesurais pas à quel point les mots “de luxe” ne sont pas vain.
Je savais bien que c’était une chance, mais quand je relis un de mes anciens articles sur la question, si je trouve que le propos est pas faux, il y a quand même un truc qui me saute au yeux :

Je n’ai pas été foutue de l’appliquer à moi-même.

Voilà. Les gentils conseils de la Aranna de 2013, qui t’explique que Faire une offrande pendant que l’on prépare le repas, ou garder une bougie dans la cuisine et l’allumer à ce moment là, ils sont pas totalement hors sol mais il y a un paramètre qu’ils ne prennent pas en compte.

La frustration.

La putain. De. Frustration. Frustration d’avoir la sensation de se perdre. Frustration parce qu’on se languit de son ancienne pratique, de son ancien cadre, de ses anciens luxes (comme avoir un toit stable au-dessus de la tête et ne pas bouger tous les 3 mois ; avoir ses affaires à portée de main ; dormir la nuit), de son ancienne liberté, de tout.

Pendant presque sept ans, j’ai couru et soupiré en pensant à cette ancienne liberté de pratiquer. Et pendant que j’avais cette liberté de pratiquer, je soupirais en pensant à la vie que j’ai maintenant (sauf quelques détails dont je me serais passée, mais on ne choisi pas tout. Non, non, on n’a pas commandé à l’Univers avec panier en 1-clic certains paramètres. Et non c’est pas sensé être chose que “shit happens”. Du moins pas pour moi.)

C’est pas tout de savoir en théorie comment on peut concilier vie on-ne-peut-plus-ordinaire et vie spirituelle, encore faut-il arriver à y trouver l’épanouissement. Je parle pas d’être tous les jours cui-cui les petits oiseaux, mais au moins, ne pas avoir l’impression d’être pris dans le cercle infernal du hamster dans sa roue.
Hors, rien que le terme “vie quotidienne” c’est un vaste sujet : c’est quoi le quotidien ? Faire ses courses ? D’accord, rien que dans ce petit détail, il y a une foultitude de paramètres qui vont faire que l’aune de ce qu’est “le quotidien” d’une personne » sera “le luxe” de l’autre.
Alors en soit, on le sait. On sait qu’il y a “toujours pire ailleurs” et oui, on est toujours le privilégié de quelqu’un. Sauf que se dire “il y a encore pire que moi”, je ne pense pas que ca aide une personne non plus. Ca ne lui change pas son cercle infernal personnel d’un coup de baguette magique, et si ca pouvait être utilisé comme prévention contre le burn-out, ca se saurait.

Pour en revenir à nos moutons, c’est pas tout d’avoir des paramètres quotidien, encore faut-il y trouver nos propres bornes, nos propres structures, notre propre bidule intérieur qui fait qu’on arrive encore à y faire pousser les p’tites fleurs de notre vie rituelle / spirituelle / dévotionnelle, bref vous voyez ça en fonction de votre axe de pratique. Par exemple, personnellement, je n’arrive pas à faire certaines connexions si je ne suis pas absolument seule chez moi. De même, me dire “j’ai 1h, je n’ai qu’à faire ça”. Ca fonctionne pour passer un coup d’aspirateur, pas pour créer le pont et la déconnexion mentale suffisante pour arriver à faire un truc rituel.

Un autre point de détail : trouver l’épanouissement dans la vie quotidienne, ca dépend aussi de son axe de pratique, option bonus, des divinités que vous honorez plus particulièrement (ca c’est ma caillasse personnelle dans la chaussure).

Odin, la popote, c’est pas trop son truc. (Sauf quand il s’agit d’aller tirer pépouze l’hydromel de Gunnlöð. Et Gunnlöð au passage.)

Et ca, je crois que ca a été le plus dur.

Ca, et mon amour des recherches et des heures passées dans la lecture de 10 000 ouvrages, l’écriture, l’écriture, l’écriture. Sauf qu’aujourd’hui, la plupart du temps, quand j’ai du temps pour lire, le soir (moment sacré de la journée !), j’en profite pour lire de la fiction, en français, parce que je suis tellement cramée de mes journées, d’une part, que c’est pas la peine de lire en anglais.
D’autre part, quand je lis des trucs intéressants (Bisou le Vieux) en anglais etc, ca me donne deux envies : écrire, et faire des recherches complémentaires. Et je me souviens que je n’ai pas le temps et qu’il faut faire des choix.

Est-ce que c’est ma nouvelle pratique qui m’a trouvée ou est-ce que c’est moi qui ait trouvé ma nouvelle pratique ?
Bonne question, je n’en sais rien. Je dirais un peu des deux. Quand on est dans une certaine optique, on tend à être plus réceptif à des divinités correspondant à cette optique. Et quand des divinités correspondent à des optiques qui nous parlent, on se rapproche un peu plus de leur axe dévotionnel.

Il m’a fallu du temps pour accepter le changement : pour cesser de vouloir absolument revenir un type de pratique comme celle que j’avais avant d’avoir une cohorte de petits champignons (les petits champignons, c’est du spore !). Si la vie est parfois comparée à une succession de saisons, on peut considérer qu’il y a aussi des saisons dans la vie spirituelle (et pas uniquement quatre, ni dans l’ordre canonique).

Se pose aussi la question de “après avoir vécu une énorme épreuve de passage, est-il simplement possible de revenir à la personne que l’on était avant ?” Et d’ailleurs, pourquoi le faudrait-il ?

Du coup, aujourd’hui, si mon chemin dévotionnel avec Odin n’est pas terminé, au quotidien, l’expression de ma pratique et tout ce qui la sous-tends, ca passe par une quantité de trucs très friggesques.

Mais ceci est une autre histoire.

[Source de l’image inconnue, trouvée sur tumblr il y a une décennie et sauvegardée dans mes dossiers.]

Ils veulent des Dieux terribles doux comme des lapins

5461cdc8e27ff5e1efb71353ae615dfcIls veulent des Dieux terribles doux comme des lapins, rêvant d’ordalie âpres à raconter et douces pourtant à vivre, comme d’anciens récits enluminés trop léchés par un scripteur qui ignore de quoi il est question.
Personne ne veut du cauchemar quotidien, des terreurs enfouies en soi patiemment déterrées pour mieux les exhumer, autant de cadavres à tuer et retuer encore chaque jour que le Destin fait.
Personne, et surtout pas moi, ne rêve enfant d’un chemin semé d’embûches. Tout ce dont je rêvais, tout ce dont je rêve encore, c’est de me réveiller un matin pour découvrir que ce n’était qu’un mauvais rêve, que j’ai huit ans, et m’attabler devant un bol de chocolat fumant.
Erreur 503, serveur indisponible.

* * *
Voyage au bout de la nuit, en compagnie de ceux qui ne sont pas devenus fous, et qui le sont quand même un peu. Un voyage parmi les morts, avec l’Ankou pour vous taquiner, pour vous annoncer avec un bout de ruban rouge, ce que certaines espèrent et que d’autres redoutent.
Un voyage seule, avec un Vieux borgne vêtu de bleu moisi et un squelette au grand chapeau qui passe devant la porte le jour où. J’aurais préféré être de celles qui parlent de la Déesse Mère, des tremolos dans la voix que l’on comprends bien volontiers. Qui se seraient souvenu des pétales de cerisiers blancs qui tombaient en pluie sur l’herbe drue et verte, du soleil qui tapait dur pour un début de printemps. Moi je me souviens des lettons qui se soûlaient la gueule dans la maison mitoyenne, de l’odeur du cadavre qui cuit, des clopes grillées en tournant pieds nus dans l’herbe, et de mon envie de massacrer le premier bonhomme qui m’aurait fait un discours sur ce que j’aurais dû ressentir et vivre.
De l’ordre impérieux du Vieux. « C’est maintenant Gamine. Parfois, la Souveraineté consiste à sortir des sentiers battus. Et parfois elle consiste à savoir quand retourner sur la grande route. » Je l’ai écouté. Pour quelqu’un qui voulait servir une Déesse Patronne et tout le tintouin, je n’ai eu ce jour là pour compagnon que l’Ouvrier de la Mort, et Valkjosandi, et ma douleur. Ma putain de douleur.
Je me suis demandée quoi abandonner, quoi abandonner encore puisqu’au cours des presque-trois années précédentes j’avais déjà tout laissé. Se laisser soi-même pour finalement n’avoir en tête que les visions et souvenirs d’un voyage ancien au LSD qui reviennent. l’anter-dro, le chant des femmes. Le passé qui fait irruption dans le présent, séparés seulement par le voile et la corde d’or. Le sang.
Un détachement doré et la seule chose que je penserai en boucle des deux heures qui viendront : « rien n’existe qui ne soit Shiva. » Je ne bosse pas avec le panthéon hindou, je n’ai jamais pigé le pourquoi ou le comment.

Puis la suite. Le stalag. Le flicage. Et la superposition mot pour mot, transcription verbale d’un murmure des Esprits du pourquoi du comment du parce-que. Manquer de répondre « ouais, je sais, les Esprits me l’avaient dit » avant de se raviser, parce que toute vérité n’est pas bonne à dire.

* * *
Août 2014.
Une nuit je rêve de l’Encapuchonné qui me dit que devant moi s’ouvrent trois années de galères indicibles, et qu’il me faudrait aller jusqu’au bout de mes ressources pour ne pas couler. Que si je parviens à tenir alors j’aurai triomphé de mes plus grandes peurs. Il avait à la fois raison et tort. Il n’avait jamais dit que les choses deviendraient plus faciles ensuite, même si je me suis raccrochée à ca. Un vœu pieux, une puérile espérance, mais soit.

* * *
Novembre 2017
Retour en arrière. Plus loin, encore plus loin, quand j’écrivais le chant d’une tour vacillante, retranscrivant patiemment le flot incessant du lieu où je travaillais. La première phrase « Il n’y aura pas d’aube, fit la voix. Et tous les Empires finissent par tomber. »
Il n’y aura pas d’aube, qui sonne comme une dérision terrible quand on vit dans une demi-clarté.
* * *
Ils veulent des Dieux terribles pour mieux les apprivoiser comme des agneaux et dire qu’ils en ont triomphés. Puis gueulent pour dire que si, toutes les expériences se valent que non tout est archétypes, que ouin ouin on est méchant de lever le sourcil et de les rembarrer vers les trips dans leurs têtes quand tout se passe toujours bien.
Non, ne souhaitez pas des Dieux terribles pour faire plus true quand vous vous chiez dessus pour un oui ou un non. Ou alors, je vous souhaite d’être exaucés.

[SYLPHE] Dans les poches d’un Sorciéron…

Je suis un sorciéron indiscipliné-ciéron. Comprendre par là que généralement, mes affaires sont toutes en vrac dans mon sac ordinaire. Mis à part un « crane bag » qui regroupe des éléments en lien avec certains esprits et/où un taf particulier en cours (contenu que je ne montre pas, sauf rares exceptions), le reste de mon « matos » se trouve pêle-mêle avec mes affaires ordinaires, ce qui génère des « Et meeeerde, j’ai perdu mon pass Navigo ! » (phrase récurrente, suivie de quelques minutes de recherches fiévreuses avant de découvrir que non, il est soigneusement rangé, pour ne pas le perdre, dans la poche du sac de mon tambour, pour la plus grande exaspération de mes coreligionnaires… Pardon les gars.) « Merde, je sais plus ce que j’ai foutu de mon flacon d’ocre ! » Au fur et à mesure de mes pérégrinations, j’accumule toutes sortes de trouvailles dans mon sac : mousse, petits os, cailloux etc. Du coup, quand j’arrive au travail le lundi matin, c’est toujours un joyeux bordel entre mes affaires regular, et la boussole / cran d’arrêt / allume-feux / encens.

Le matos le plus important, celui à avoir toujours sur soi, c’est à mes yeux plutôt du matériel « de bon sens » : boussole, couteau, allume-feux, cordelette. Suivant mes déplacements, j’y ajoute une lampe frontale, une lacrymo, une trousse à pharmacie -avec couverture de survie, pince à tiques, par exemple. Parce que si vous vous savez que vous êtes en accord avec les énergies bienveillantes de la Terre-Mère (sarcasme), les tiques, elles, ne sont pas au courant, et que la maladie de Lyme, c’est de la merde.

Finalement, après le mois d’août passé à courir après mes affaires, j’ai utilisé un reste de laine qui m’avait servi pour un autre projet pour crafter un pochon un peu plus grand histoire de rassembler mon merdier (ou au moins essayer). J’avais déjà un pochon pour mes runes que j’avais acheté chez Claire, mais celui là, il était important que je le fabrique moi-même. La bête a été fabriquée avec de la laine de base et de la fat über laine des Ateliers de l’Awen qui déchire sa race (celle qui est bleue/jaune/verte etc).

Le pendentif date d’il y a 10 ans. Je l’avais acheté quand je faisais ma prépa en Bretagne. J’avais fait un rêve où je portais un médaillon avant de tomber sur celui là dans une boutique, l’exacte reproduction de celui que je portais dans mon rêve. (Y’avait un mec tout chelou genre habillé à la scandinave qui me disait « on ne tue pas les porteurs de ce signe, en désignant mon médaillon. J’avais trouvé ça marrant.)
Je vais tâche de me discipliner et de mettre toutes mes affaires au même endroit. Dont ma « pierre de foyer » et mes perles de prières. La pierre de foyer c’était un délire de l’époque où je jouais à World of Warcraft, elle sert à revenir « chez soi », et j’en avais faite une en pâte fimo et je l’utilisais dans le cadre de certaines de mes pratiques. C’est toujours plus ou moins le cas. (Perte de crédibilité : 50 points à votre réputation). Quant aux perles, j’ai beau en fabriquer des très belles en pierre, je préfère utiliser celles en bois, toutes bêtes, pour la simple et bonne raison qu’elles me servent pour tout le monde, et que je les trimballe en toutes circonstances, y compris au lit. Autant qu’elles ne soient pas fragile, mon matos ayant intérêt à être tout terrain.
S »y ajoutent toutes sortes de merdier. J’avais au départ brodée une pochette pour les rêves, mais en fait, je m’en sers davantage pour ranger plantes et encens. J’ai pas assez de discipline pour avoir des pochettes pour chaque pratique, des carnets pour tel ou tel type de récit, des colliers réservés à ci ou à mi. Pareil pour le couteau, par sa lame courbe, il sert surtout à couper les plantes etc, mais en fait, j’ai souvent uniquement le Muela offert par mon père, qui avait la manie de m’offrir des couteaux de là où il allait en voyage. Parfois je rajoute un canif etc. Un jour je vais me faire contrôler par un flic et j’aurai des ennuis. L’encens c’est bien pratique, mais j’avoue que j’en ai rarement spontanément sur moi.

(And now you shall see Odin)

Parmi les bricoles que je mets dedans, des baumes, des os, des trucs ramassés sur le bord des chemins (plus mes poches, souvent pleines de détritus que je ramasse quand je suis en forêt ou sur la plage. Parfois, contribuer à nettoyer un peu l’endroit de la saleté déposée par les humains, c’est les meilleurs offrandes. Il n’y a pas forcément besoin d’avoir toutes sortes de trucs sophistiqués. D’autant que certains Esprits des Lieux n’aiment pas trop qu’une personne surgit de nulle part se mette à faire des offrandes spontanées etc.) Avoir un ou deux cathéter c’est pratique quand on doit prendre du sang, c’est plus simple et plus « sécuritaire » que les couteaux. Généralement j’en ai deux, cela permet d’en passer un à quelqu’un si besoin. Evidemment, ils sont à jeter après usage : on n’utilise pas de cathéter déjà utilisé (sauf si on le garde strictement pour soi) si on les passe à quelqu’un d’autre. On remet la canule après usage et on le jette. (Risques HIV / hépatites, toussa… Je sais je suis reloue avec ça, mais malheureusement, c’est une donnée qui tend à être de plus en plus zappée à l’heure actuelle.)

Et sinon, des huiles / baumes / onguents de fabrication perso. De l’ocre et autres. (PAs tout en même temps, c’est suivant les périodes, l’inspiration et les nécessités du moment…)

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[SYLPHE] Le Jeu du pendu : les signes.

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Pour en savoir plus sur le groupe SYLPHE.

Réfléchir sur l’instinct, l’intuition, les signes que l’on reçoit ou que l’on croit recevoir. Vaste sujet de réflexion dont voilà quelques bribes. Je resterai uniquement centrée sur les signes, par commodité.

En linguistique, le signe, c’est l’unité qui unit un phénomène acoustique et un concept. Le signe est donc composé d’un signifiant (le phénomène acoustique) et d’un signifié (le concept).

On peut considérer que le signe au sens où il est entendu ici est semblable : il est considéré comme étant un écho (je préfère le terme d’écho au terme de message, il y a une différence de nuance assez importante dans ce contexte ci) de « L’Autre Monde » apportant un marqueur sur une potentialité. A noter que je dis bien « il est considéré comme » et non pas « il est » : sa véracité (est-ce qu’il est réellement ou bien nous choisissons de le traduire comme tel ?) est de l’ordre de l’hypothétique, de l’hypothèse que nous choisissons de considérer comme « probable » en raison de nos marqueurs référentiels. C’est pour des raisons similaires que le terme écho est utilisé par rapport au terme « message », l’écho étant la réflexion d’un son, non pas le son lui même. Enfin, cet écho, suivant la nature de notre recherche, de son expression et de son contenu apporte une indice, un élément d’indication au sein d’une masse d’information, il nous permet éventuellement de faire certains choix à partir de la manière dont nous percevrons et analyserons ce contenu. Intrinsèquement, il est en quelque sorte « neutre ». Ce qui nous influencera c’est la façon dont nous le recevrons et dont nous le décoderons. Je tend à considérer que le « signe » reçu est un simple indicateur factuel auquel nous prêtons plus ou moins d’attention, un regard plus ou moins biaisé, et que nous pouvons tout à fait « distordre » de multiples manières suivant les calques de décryptages que l’on appliquera.

En des termes plus simples, le signe est un écho neutre nous indiquant une information que nous pouvons tout à fait mal comprendre, d’autant plus si nous nous cantonnons à un écho unique. Parfois, un graffiti sur un mur est juste un graffiti sur un mur.

De la façon dont je perçois les signes, ils sont semblables aux lettres de l’alphabet : une lettre n’est pas encore un mot, pas une phrase et encore moins un texte. Ce n’est que lorsque nous connectons un certain nombre de lettres que nous formons un mot, et par une suite de mots, une phrase, puis par développement, des textes. Le signe est une lettre. Seul il ne signifie pas grand chose. Ce n’est que lorsque plusieurs signes se combinent qu’ils constituent un ensemble intelligible. Isolé, il ne signifie rien d’autre que lui même, bien qu’il soit possible de commencer à percevoir certaines structures, un peu comme dans le jeu du pendu, quand nous n’avons qu’une seule lettre et un ensemble de cases vides et que nous réfléchissons à ce que cela peut former comme mot. Le contexte joue un rôle dans l’interprétation du signe : pour reprendre l’exemple du Jeu du pendu, nous réfléchissons au mot crypté parce que nous sommes dans le cadre d’un jeu dont les règles sont connues des participants et dans le laps de temps durant lequel ce jeu s’exerce. Sorti de ce contexte, il est probable que nous ne nous prêtons pas à ce type d’exercice. Pour le signe, c’est pareil : c’est parce que nous avons soit une interrogation particulière, soit que notre contexte personnel s’y prête que nous sommes plus porté sur l’analyse d’un éventuel signe, et que, par ricochet, nous aurons davantage tendance à adopter telle ou telle grille de décryptage une fois qu’il nous semble saisir un écho.

Nous avons donc trois phénomènes qui structurent la perception du signe :

Le signe en lui-même, ou plutôt l’information qui est perçue / ressentie comme tel. (Je serai même tentée de dire « l’ensemble de signes » puisque pour reprendre de manière synthétique la théorie énoncée plus haut, le signe est une lettre, et une lettre n’est pas un mot.)
Le contexte dans lequel le signe s’inscrit, le cadre de la recherche, des raisons pour lesquelles nous aurons tendance à être réceptif à sa réception.
L’angle d’analyse, la réception proprement dite, son décryptage.

De bons présages ?

Le signe, en tant qu’information, est neutre. On peut parler de « mauvais présage » ou de « bon présage », mais c’est davantage une donnée  posteriori. Le fait qu’il y est une information est en soi, neutre. Il ne donne d’indication sur le fait d’agir ou de ne pas agir que si nous y appliquons une grille de lecture (et quelle grille de lecture convient-il d’appliquer ?) Le signe est là, il tend à indiquer de continuer sur cette route. Pour autant, cela ne présage en rien de la nature de la route, sans même prendre en compte le fait que certaines routes, si elles sont nécessaires, ne sont pas pour autant agréables, en tout cas jusqu’à un certain point.

Comment on sait si c’est un signe ?

Etant du genre à attendre d’avoir un nombre de données conséquentes avant de me risquer à quoi que ce soit, et au risque de me répéter, j’ai tendance à dire que c’est la répétition d’un signe dans un laps de temps défini qui fait le signe. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas capable de percevoir des indices sommaires, ni que je ne possède pas d’intuition, plutôt que je les regarde du coin de l’œil, comme une information pouvant potentiellement prendre de l’importance.
L’autre donnée à prendre en compte, c’est l’évolution constante de la trame : tout se réajuste en permanence.

Si l’on considère que l’on attend, entre autre, d’un groupe de signe qu’il nous indique la route la plus favorable pour nous, un bon indice pour savoir si oui ou non l’on est sur la bonne route, est d’observer la nature des événements sur cette route. Globalement, j’ai pu observer que quand on est sur le « bon » chemin, les obstacles sont parfois présents, mais tendent soit à se tasser, soit à présenter d’autres ouvertures. La façon dont je conçois les choses rend cependant cette optique davantage pertinente pour les opportunités matérielles que pour la résolution d’une problématique spirituelle et/ou émotionnelle (qui peut ainsi s’avérer ardue jusqu’à ce que l’on résolve le nœud de la problématique, qui tient souvent d’une difficulté personnelle).

Le signe est quelque chose de personnel. Même si on retrouve des grilles d’interprétations communes, des façons d’aspecter des problématiques similaires chez des individus parcourant des routes semblables, l’écho est déchiffré de manières différentes suivant les personnes. Pour reprendre une image faisant appel à des fonctions cognitives, c’est un peu comme la perception des couleurs, qui varie plus ou moins suivant les gens. Allez demander à tout bout de champs si tel ou tel phénomène est un signe, ou en faire des caisses dés qu’on trouve une plume par terre est pour moi une façon de se rassurer, à la fois parce qu’on est pas sûr de son interprétation, parce que l’on doute de soi. En se référant au jugement d’autrui pour quelque chose qui est de l’ordre de l’intime, c’est en quelque sorte faire dans la validation sociale, ou pire, chercher à se donner de l’importance.

Ce n’est pas qu’il ne faille pas parler des signes que l’on a reçu (pour autant qu’il puisse exister des signes infaillibles, pour autant que l’on soit dans une démarche dans lequel on souhaite partager ce genre d’infos etc… encore une fois, tout est affaire de nuances, de cadres, de perceptions, d’interprétations, de structures…) c’est juste qu’à mon avis, les autres n’ont rien à foutre dans notre cheminement, d’une. De deux, cela m’évoque parfois une certaine forme d’hystérie collective : quand tout le monde se monte la tête mutuellement, qu’on devient inchiable et que l’on hurle au signe pour tout et n’importe quoi. D’où l’importance de la fonction de répétition de signes similaires et la nécessité de prendre du recul. Si on veut voir des signes partout, on peut en voir partout. Mais une des particularités des signes est aussi d’être une aspérité, une altérité dans un quotidien. S’ils ont lieu en permanence, alors ils perdent cette faculté d’exception et ne doivent plus être considéré comme des signes, mais juste comme une donnée régulière.
Si vous vivez dans un endroit où les corbeaux abondent, croiser un corbeau le matin devrait être sujet à plus nuance sur sa pertinence en tant que signe que si vous croisez un colibri.

Davantage que la percée d’un ou plusieurs signes, j’ai tendance à être sensible à ce que j’appelle des phénomènes d’accélération. Le phénomène d’accélération commence par une sorte de coïncidence/s, la plupart du temps assortie de rêves (le rêve est-il un signe ? Pas pour moi, pas dans ma manière de percevoir et de définir le signe. Ceci dit, le rêve est un sujet complexe.)  quelque chose qui émet un son pratiquement imperceptible. Puis le son s’amplifie. Et alors même que l’on tend l’oreille, on observe une multitude de corrélation autour, pas des signes extérieurs, plutôt un alignement de fait qui constitue une sorte de route que l’on emprunte. Et alors même que l’on commence à arpenter la route, tout se met naturellement en place. Et une fois arrivé au premier relais, on peut, en se retournant sur les faits passés, noter une cohérence certaine.

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