[PBP] Q – Le quotidien et la vie spirituelle

Auteur inconnu

Le quotidien et sa routine est souvent un facteur de difficultés pour certains. Comment prendre ou trouver le temps de faire tout ce que l’on aimerait faire quand on doit gérer une journée de travail (ou des études, des révisions et un job d’étudiant), un temps de transports dans la plupart des cas, s’occuper de sa maison, des animaux et des enfants quand il y en a, les tâches administratives, les courses…

J’entends souvent dire « j’aimerais bien mais je n’ai pas le temps » et comme réponse « c’est que tu n’as pas envie de prendre le temps, quand on veux, on peut. » Dans les deux cas, je suis sceptique. Pour commencer par répondre sur le deuxième propos, ce n’est, à mon humble avis, pas une réponse qui est d’une grande aide. Elle est culpabilisante et n’aide en rien. Toujours à mon humble avis, quand une personne exprime une difficulté ou une frustration parce qu’elle n’arrive pas à faire quelque chose qu’elle souhaite, la renvoyer dans ses buts en lui rétorquant YAKA-FOKTU, c’est comment dire… useless, alors qu’un ou deux « trucs » ou lui demander ce qui cloche exactement, c’est plus utile.

J’écarterai les conseils du genre « demande à ton/ta partenaire de t’aider », supposant que les gens le savent, et ont demandé, et sont déjà dans ce cas de figure ou ne peuvent pas forcément l’être pour diverses raisons. Les détails ne me regardent pas d’une part, d’autre part, si vous n’y aviez pas déjà pensé, je peux rien pour vous.

1. Vos priorités dans votre pratique quotidienne

Qu’est-ce que qui pose problème exactement, ou en d’autres termes, si on vous donne un créneau de 20 minutes, qu’est-ce que vous aimeriez avoir le temps de faire dans votre pratique ?

  • Essayez d’établir deux ou trois (pas plus) choses que vous voudriez faire chaque jour, dans l’idéal, et qui vous semble indispensable dans votre pratique. Par exemple, pratiquer une respiration en profondeur, prendre quelques minutes pour faire des offrandes. Faire un tirage « du jour » et faire une méditation et avancer une lecture. Ne vous fixez pas de grands objectifs s’étalant sur la durée, pas pour commencer. Quand on commence à se dégoter des « niches temporelles », il vaut viser modeste, des petites choses indépendantes. Si vous vous fixer un objectif sur la durée, le risque est de se dire « bon aujourd’hui tant pis, je le ferai demain », et vous connaissez la suite…
  • Déterminez « une majeure » et « une mineure » : laquelle est vraiment prioritaire (dans VOTRE conception et VOTRE pratique, pas celle d’un autre) et prendra un peu plus de temps. Toujours dans le cas des 20 minutes, on peut dire, 13 min pour la majeure, 7 min pour la mineure. Notez que c’est un exemple, il n’est pas question de chronométrer, c’est pour donner un ordre d’idée… et tout va dépendre de l’organisation de votre journée. C’est plus facile et probant de se dégager tous les jours 5 minutes que de fantasmer toute la semaine sur le week-end en se disant « que l’on prendra le temps » etc, résultat des courses : la plupart du temps, on fait beaucoup de choses, mais pas celles que l’on avait escomptées.
  • Regardez à quoi ressemble votre emploi du temps : il y a sans doute des moment où les activités profanes peuvent se combiner avec vos priorités. Par exemple, si vous prenez le train, vous pouvez peut-être combiner votre transport avec une méditation ou une respiration (si le train est plein et que vous n’avez pas la possibilité de vous asseoir) ? J’ai une amie qui faisait ça il y a quelques années 😉 Avez-vous une pause déjeuner que vous pouvez prendre seul(e) de temps en temps ? Un endroit calme où vous aimez vous poser ?

2. Répartition du temps spirituel / profane

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, mais il y a sans doute un schéma global qui se répète. Suivant les périodes, il y a des moments plus ou moins chargés. Je crois que l’essentiel, c’est d’être clair sur ses souhaits et réaliste par rapport au temps dont on peut disposer. Peut-être n’avez vous pas la possibilité de faire certaines choses tous les jours pour X raisons que vous n’avez pas à justifier. L’important, c’est qu’il y a une certaine régularité, de ne pas culpabiliser et de ne pas se comparer aux autres.

  • Comme mentionné précédemment, il y a toutes sortes de moments quotidiens où le sacré et le profane (si on peut dire) peuvent s’interpoler. Quelques exemples en vrac :
    – Profiter d’un passage d’aspirateur pour purifier
    – Faire sa purification personnelle sous la douche
    – Faire une offrande pendant que l’on prépare le repas, ou garder une bougie dans la cuisine et l’allumer à ce moment là.
    – Profiter de la vaisselle pour faire une respiration en profondeur.
    – Allumer un bâton d’encens après la douche pendant que l’on s’habille ou se déshabille. Prendre 30 secondes, juste 30 secondes pour remercier ou faire de courtes dévotions ou s’adresser aux dieux, guides etc si c’est dans notre pratique
    – Prêter attention à ce qui nous entoure, même si on ne sort que le temps de gagner la gare ou la station de bus.
  • Parfois, faire des mini-planning pour le ménage par exemple, aide à y passer moins de temps : tous les jours nettoyer une zone, avec une fois par mois plus de temps pour les tâches moins courantes. C’est quelque chose que j’ai personnellement essayé, et honnêtement le but est de libérer le week-end et de ne pas se retrouver de temps en temps avec une monstrueuse journée de corvée. (Même si une amie m’a traitée de Bree Van de Kamp, elle a reconnue que c’était bien pratique).
  • Une autre démarche que je trouve intéressante : le projet 333, basé sur le minimalisme, qui consiste notamment à réduire sa garde-robe à un certain nombre d’items pour une durée limitée (je ne détaille pas plus, le lien explique tout très bien). Tout le monde ne sera pas intéressé, mais c’est une façon de voir qui est à essayer, et honnêtement, oui cela simplifie la vie. 😉 L’intérêt étant de se libérer l’esprit.

3. La vision de votre pratique

J’ai l’impression qu’un des problèmes pour l’inclusion de la spiritualité dans la vie quotidienne réside pour une bonne part dans l’image que l’on a de la première. Il est tentant, mais pas forcément pertinent, de se cantonner à une espèce d’Image d’Epinal de la pratique. L’idée que l’on doit obligatoirement se trouver en pleine nature, ou célébrer en groupe, ou aborer telle ou telle tenue ou faire un rituel sophistiqué n’est pas seulement utopique, elle est aussi empoisonnante.
Elle est empoisonnante parce que plus notre idéal se situe loin de ce que nous avons la possibilité de faire réellement au quotidien, plus on se sent incapable de l’atteindre et plus on est tenté de renoncer ou pire, de se culpabiliser.
Malgré la liberté apparente, il y a bel et bien des « standards fantasmés » de ce que doit être une pratique spirituelle et/ou magique. Qu’il faut revêtir une tenue rituelle, prendre une douche avant, organiser son espace, dresser un autel, projeter un cercle, faire des dévotions longues et compliquées… sinon vous n’êtes pas un « true » mais un « wannabe ». Et bien c’est de la merde. Le perfectionnisme est une forme d’immobilisme. Ne pas faire en se disant que l’on attendra pour « bien faire », c’est se noyer dans du béton sur le long terme. (J’ai tendance à être comme ca, du coup, je met mille ans pour répondre à certains mails ou pour écrire certaines choses, c’est nul.)

Vous en venez aux voies du paganisme pour trouver une religion/spiritualité qui vous correspond et vous vous enfermez dans des dogmes à la con, dictés et relayés par des articles de blog ou par des images sociales de personnes que vous ne connaissez pas. Franchement, autant aller à l’église le dimanche matin à ce moment là.

Sauvez une étoile : ouvrez le bocal.
(auteur du gif inconnu)

Qu’est-ce que votre pratique spirituelle/magique pour vous ? Qu’est-ce qui vous convient et qu’est-ce qui ne vous convient pas ? Il ne s’agit pas de faire « à la carte » -une réflexion que j’ai parfois eu « ah oui, le paganisme/la wicca/le machin/le bidule, vous prenez ce qui vous plaît vous laissez le reste ». Non. Il s’agit simplement de rester réaliste et pragmatique. Je vais prendre un exemple simple, qui m’a (nous) a longtemps concerné, le Loup et moi. Quand on voulait faire les Esbats de pleine lune, bien comme il faut, façon Wicca traditionnelle, on se prenait la tête, on était crevés, stressés, il fallait se motiver pour faire les préparatifs, ca prenait une plombe, résultat : enguelades, célébration merdique, stress, couchés crevés ou on renonçait parce que ca nous soûlait. Bénéfice : ZÉRO. NADA. C’était une attitude de merde : on s’obstinait mais ca n’était pas pour nous.
Aujourd’hui, après que « Mister Destructor » soit passé par là et que j’ai eu l’épiphanie un après-midi en me disant « putain, mon autel, ca correspond plus », et qu’il m’ait fallut des mois pour me rendre que compte que, tiens, ma façon de considérer les choses avait radicalement changé (pour le plus grand amusement d’une amie qui m’a dit par la suite « mais c’était grillé Choupette, tu étais la seule à pas le voir »), le reste s’est arrangé aussi. C’est assez curieux de mesurer les profondes évolutions après coup, parce qu’on ne les a pas vu venir, elles se sont faites en mode fufu dans un coin.
Aujourd’hui, la Tanière est devenue un endroit curieux, avec plusieurs autels, où on croise un Loup qui fait ses offrandes le matin et où le Sorcièron tire les cartes dans le salon le soir, tout en bavardant et en buvant un thé. Où souvent, les discussions nocturnes au chaud sous la couette passent allègrement du récit de la journée à des débats sur les Eddas et des spéculations sur ses protagonistes. Et la célébration des récoltes ne s’est pas faite skyclad dans un cercle, mais dans une forêt danoise, avec une bouteille de bière. Sans doute beaucoup moins classieux, mais franchement plus fun. Pour nous.
L’important, c’est de ne pas fantasmer sur ce que l’on aimerait être ou sur l’image que l’on aimerait renvoyer, mais d’être sincère sur ce que l’on est, ce qui nous épanouit, ce qui nous va et ce que l’on aime. Tant que l’on essaie de coller à une image ou de faire « comme d’autres que l’on admire », ca n’apporte rien. Alors oui, il y a des personnes pour qui certains types de pratiques vont très bien, et ils trouvent leur épanouissement là-dedans, ce n’est pas parce que ce n’est pas votre cas qu’il faut dénigrer leur pratique. Mais ce n’est pas parce que d’autres y trouvent leur compte que vous y trouverez le vôtre non plus.

Si vous rentrez le soir, que vous avez prévu disons, d’aller saluer vos guides, qu’est-ce qu’il vaut mieux : passer 2h à faire des préparatifs, être crevé et que cela ne donne rien ? Ou allumer une bougie et avoir plus de temps pour votre but ? D’autres personnes préféreront le faire rarement, mais en y mettant les formes, c’est une question de choix, de pratique, de point de vue et de personnalité. Peu importe, mais de manière générale, si ca coince trop longtemps, trop violemment et que cela vous dévore, c’est très certainement qu’il y a quelque chose à repenser.

4 commentaires sur « [PBP] Q – Le quotidien et la vie spirituelle »

  1. Juste, merci <3. Même quand je ne bosse pas, je désespère et culpabilise déjà de ne pas avoir le temps de tout faire. J'ai un entretien pro demain et je commençais à baliser des conséquences d'une éventuelle reprise d'activité sur mon temps perso. Et boom, t'arrive avec de chouettes idées et de sacrées bonnes réflexions. Donc, oui, juste merci 😉 !

  2. Très intéressant comme article 🙂
    Dans ma pratique, c’est des grosses réunions avec musique et feu de camp au milieu des bois qui sont le plus importantes : autant dire, pas le truc que tu fais tous les mois, ni même à chaque sabbat. Et entre temps, que faire pour garder la flamme allumée ?
    J’ai donc petit à petit trouvé un équilibre : les grandes réunions ainsi que certains stages autour de la danse sont les moment que je considère comme « pivots » ; ce sont eux qui jalonnent mon année et me font avancer. Et pour ne pas perdre le fil, chaque jour un peu d’encens sur l’autel, un peu de recherche théorique, un peu de temps pour moi… mais c’est bien plus facile avec un tout petit boulot pas d’enfant pas de chéri que lorsque mes semaines faisaient 60h et que j’étais en couple.
    Bref, c’est vraiment comme ça que je ressens le truc, juste la nécessité de trouver sa voie aussi dans la manière de vivre sa spiritualité 🙂

  3. Merci ! Ici on fonctionne déjà pas mal comme ça, et je souhaite que plein de païens lisent ton article et « déculpabilisent » pour retrouver spontanéité, liberté et intuition dans leur pratique !

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