[On rouvre.]

Ainsi, il est temps de revenir.
Tout est fermé, tout est silencieux. Parcourant quelques liens que j’avais il y a une décennie le plaisir de lire, je ne suis tombée que sur des liens morts, ou presque.

Après de long mois en mode « privé », finalement, il s’avère que n’est pas encore venu le temps du « au revoir ». J’ai essayé Instagram, mais la forme au détriment du fond, les claviers tactiles et devoir réduire au minimum les circonvolutions de la pensée, tout ceci m’a vite gonflé.

Il y a eu quelques rencontres, quelques gamelles, quelques changements. Il y a aussi beaucoup de bruits et si peu de temps libre. Mais peu importe, je ferai comme je pourrai, mais je ferai.

Bref, donc, ce lieu que je pensais garder fermé pour une foultitude de raisons rouvre finalement.

[Projet Phagos] La nuit plus longtemps nous va mieux

Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu’importe et qu’importe hier
Le cœur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l’enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C’est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Je me regarde et je m’étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus

Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d’antan
Tomber la poussière du temps

C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie

C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
A l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger

 Louis Aragon

Calendrier Païen

Un calendrier païen pour 2014

Dans un champ de petites violettes

Bonne année!

Pour bien commencer 2014, on vous propose en téléchargement gratuit ce calendrier païen réalisé par toute une équipe de bénévoles, qui ont donné de leur temps, de leurs compétences, de leur amitié pour que ce projet voit le jour et pour que tous les païens francophones puissent en profiter!

Les amis, merci encore pour votre travail, votre bonne volonté, votre bonne humeur, mais surtout vos encouragements!

Ce calendrier gratuit n’est pas parfait, il méritera surement des ajustements pour l’année prochaine, donc on vous demande votre plus grande indulgence et si vous y voyez à redire, venez nous aider pour 2015!

En pdf un eu plus léger mais du coup avec une qualité moindre :

Calendrier1.1

En pdf et en qualité un peu mieux, on va dire imprimable :

Calendrier

Voir l’article original

[Odin Project #25] Faut-il se méfier d’Odin quand on est une femme ? (2/2)

Lire la première partie de l’article.

Tandis que la première partie faisait un rapide tour de la question, cette seconde partie est davantage destinée à répondre à l’interrogation Odin doit-il est considéré comme un dieu « réservé » aux hommes ? (Voir l’autre article pour l’introduction générale).

C’est une question que l’on peut considérer sur un plan plus général : y’a-t-il des déités qui seraient réservés exclusivement à un genre plutôt qu’à un autre ? D’un point de vue historique -et même si cela n’a rien à voir avec les mythes nordiques- le culte de Mithra était exclusivement l’apanage non seulement des hommes, mais d’une certaine catégories d’hommes. Je suppose que si l’on passe en revue différentes mythologies, on pourrait trouver plusieurs exemples mais je ne m’y connais pas assez (cela ne m’avait pas empêché de prier Mithra quand j’étais ado…). A ma connaissance, il n’y a pas de divinités nordiques qui soient réservées à un genre spécifique.

On peut en arriver à se focaliser uniquement sur les déités féminines/aspect féminin, soit en raison de nos différents fonctionnement au niveau de la pratique (déjà abordé plusieurs fois sur ce blog), soit parce qu’on reste sur un mode de fonctionnement lié au genre biologique (la question du genre a été abordé là) : « biologiquement féminin » = c’est avec les déesses et que l’on contribue à propager ce genre d’idée autour de soi, consciemment ou non.

A propos d’Odin 

Pour en revenir aux déités, premièrement, si généralement elles ont un genre physique marqué sur les illustrations ou dans certains textes, ce genre n’est pas forcément fixé, que ce soit physiquement ou autre. Par exemple, dans le cas d’Odin, il se métamorphose en femme (voir Saxo Grammaticus), mais aussi son côté ergi. Que l’on prenne en compte les changements physiques ou pas, il n’en reste pas moins qu’au niveau énergétique, il possède un côté « passif » et un côté « réceptif ». Hors, Odin est très souvent perçu comme un dieu, non seulement de fureur, mais surtout lié à la guerre. Et un amateur de femmes. D’un point de vue analytique, il est relativement facile de schématiser ceci et le contenu de l’article précédent par :

Odin = guerre + sexe (aka Conan le Barbare) = identification facile sous ses aspects là uniquement (le côté ergi et tout le reste, poubelle) par des hommes qui fantasment un modèle « 100% viril » = opposition « parfaite avec l’archétype « 100% féminin » (comme me l’a fait remarquer une amie) ou présenté comme un danger potentiel. Résultat : une jolie dichotomie superficielle qui tronque au passage Odin de toutes ses ambivalences, de l’intelligence et de sa nature compliqué qui en fond un dieu aussi fascinant que complexe.

Spirituellement, si on se cantonne à ce type d’image, il est certain que « la mythologie populaire païenne » va finir par émettre des avis suivant lesquels « une femme ne peut pas vraiment pratiquer avec Odin ».

La question « une femme peut-elle pratiquer avec Odin ? » est en fait absurde. Elle sous entend, entre autres, que l’on pratique avec les dieux pour obtenir obligatoirement quelque chose d’eux, et que les simplifications n’aidant pas, à part se prendre pour Xena la Guerrière, une femme ne peut pas comprendre/ n’a de toutes façons pas « accès » à ce dieu là.
Je me suis aussi demandé, voyant parfois qu’il est réduit à figurer un pépé débonnaire qui vous file un pdf avec les significations des runes et que, bien souvent, dans les pratiques magiques, les femmes se tournent majoritairement vers Freyja, si ce n’était pas une manière de l’éviter, par peur ou pour autre chose. Cela ne veut pas dire que la pratique de la personne n’est pas sincère, mais qu’à force, si on n’y prend pas garde, on finit par contribuer soi-même à l’enracinement de ce mythe du « Odin est pour les hommes » ou du moins qu’en tant que femme, on ne peut avoir qu’un accès limité, si on n’y prend pas garde.

Certains auteurs, dont Paxson, disent qu’au contraire, les femmes arrivent mieux à percevoir et à supporter certains aspects d’Odin que les « macho », justement en raison de notre nature réceptive. J’étais relativement d’accord avec elle, et je le suis toujours d’une certaine manière mais de façon plus nuancée : je ne vois pas trop la pertinence qu’il y a à vouloir absolument décortiquer tout ca de manière stricte au lieu de considérer l’énergie, le rayonnement d’une déité dans son ensemble. Ce n’est pas tant « penser moins, sentir plus », c’est plus « apprendre à penser en dehors de la boîte ». On met des calques, avec des étiquettes, des noms, une certaines rigidité, quand il faudrait plus de souplesse, d’adaptation, sans tout penser en mode binaire passif / réceptif, masculin / féminin. D’une certaine manière, cela me rappelle les conseils que donne Jan Fries à propos de la pratique du Seidr dans Helrunar, et le coup des « hanches bloqués » et de la nécessité de se laisser aller, de débloquer tout cela si on veut pouvoir bouillonner.